(Caracas) Le gouvernement vénézuélien du président Nicolas Maduro et l’opposition reprennent mardi les négociations, gelées depuis près d’un an, pour tenter de sortir le pays de la grave crise économique et politique qu’il traverse.

Les États-Unis participeront à ces discussions, qui interviennent peu après un accord entre Washington et Caracas en matière d’immigration.  

Gouvernement et opposition se retrouvent mardi à Bridgetown, à la Barbade, selon un communiqué.

Les deux parties vont « reprendre le processus de dialogue et de négociation, facilité par la Norvège, dans le but de parvenir à un règlement politique » de la crise, précisent-elles.

Washington s’est félicité de cette annonce.

« Les États-Unis continueront leurs efforts pour unir la communauté internationale en soutien au processus de négociation mené par les Vénézuéliens », indique un communiqué du département d’État.  

« Nous sommes sur le point de conclure des accords bénéfiques pour le pays dans le cadre de la loi et de la Constitution. Je peux dire que ces accords seront très bénéfiques pour la paix, car la paix doit être protégée, et qu’ils seront très bénéfiques pour les prochaines élections », a déclaré le président vénézuélien Nicolas Maduro lundi dans son émission télévisée hebdomadaire.

Il a promis que la présidentielle au Venezuela de 2024, lors de laquelle il briguera un troisième mandat, sera « une fête électorale ».

Le pouvoir et l’opposition, soutenue par de nombreux pays dont les États-Unis, ont entamé des négociations au Mexique en août 2021 après des tentatives avortées en 2018 en République dominicaine et en 2019 à la Barbade.  

Le processus avait cependant été suspendu en octobre de la même année à la suite de l’extradition vers les États-Unis de l’homme d’affaires Alex Saab, accusé de blanchiment d’argent et d’être un homme de paille du président Maduro.

Elles avaient brièvement repris, mais en novembre 2022, elles avaient de nouveau été rompues après que le gouvernement de Maduro avait conditionné le dialogue au déboursement de trois milliards de dollars de fonds vénézuéliens gelés à l’étranger et administrés par les Nations unies.  

Les négociateurs pro-gouvernement avaient également exigé la fin des sanctions financières imposées par les États-Unis – dont un embargo sur le pétrole récemment assoupli – et l’Union européenne, tandis que l’opposition réclamait des garanties solides en vue de l’élection présidentielle de 2024.  

Inéligibilité

Les experts estiment que les discussions à la Barbade pourraient déboucher sur un accord dans lequel, en échange d’un allègement des sanctions, les primaires de l’opposition de dimanche prochain seront garanties, un calendrier électoral pour 2024 établi, les prisonniers politiques libérés et les inéligibilités prononcées contre des opposants revues.

« Il est peu probable que la question des inéligibilités soit résolue, mais le gouvernement Maduro pourrait laisser la porte ouverte pour en décider à l’avenir, probablement en notant que les personnes inéligibles peuvent faire appel de la mesure devant la Cour suprême », a expliqué Mariano de Alba du cercle de réflexion International Crisis Group (ICG).

L’opposition réclame l’éligibilité de tous ses candidats à la présidentielle de 2024.

Maria Corina Machado, favorite des primaires de dimanche, fait partie des personnes condamnées à l’inéligibilité.

PHOTO LEONARDO FERNANDEZ VILORIA, REUTERS

Maria Corina Machado, le 13 octobre dernier.

Les États-Unis ont exprimé leur volonté de lever progressivement les sanctions imposées au pays si des accords sont conclus en vue d’élections « libres et équitables ».  

L’opposition n’a pas reconnu la réélection du président Maduro en 2018 lors d’un scrutin largement considéré comme frauduleux et non reconnu par de nombreux pays.

L’année suivante, Washington a renforcé contre Caracas des sanctions imposées pour la première fois en 2015 en raison de la répression brutale de manifestations antigouvernementales.  

En 2019, Washington, ainsi qu’une partie de la communauté internationale, avait reconnu Juan Guaidó, chef de l’opposition qui venait de s’autoproclamer président par intérim.

L’opposition a mis fin en janvier à cette présidence intérimaire, estimant qu’elle n’avait pas rempli ses objectifs de changement politique.

La reprise des négociations entre le gouvernement de Maduro et l’opposition coïncide avec l’annonce par Washington le 5 octobre de la reprise, acceptée par Caracas, des expulsions directes vers le Venezuela d’immigrants en situation illégale.  

Selon l’ONU, plus de sept millions de personnes ont fui le Venezuela depuis l’effondrement de son économie. Le pays a vu son PIB se contracter de 80 % en dix ans.