(Lima) La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a estimé vendredi que la grâce accordée par la justice péruvienne à l’ancien président Alberto Fujimori, 85 ans, emprisonné pour crimes contre l’humanité, « peut générer une forme grave d’impunité ».

« La Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) rejette la décision du Pérou de libérer l’ancien président Alberto Fujimori, qui purgeait une peine pour de graves violations des droits de l’homme », indique un communiqué de la CIDH, dont le siège se trouve à Washington.

Selon l’organisme, l’État péruvien a agi en « contravention des obligations internationales […] et en violation des ordres émis par la Cour de la CIDH ».

La Commission rappelle que « l’octroi de grâces et d’autres exemptions de responsabilité à des personnes reconnues coupables de graves violations des droits de l’Homme et de crimes contre l’humanité peut générer une forme grave d’impunité ».

Les familles de victimes sous le gouvernement d’Alberto Fujimori ont par ailleurs demandé vendredi à la CIDH « d’émettre une résolution indiquant clairement et avec force que l’État (péruvien) a désobéi à un ordre (de la Cour) et, sur cette base, d’émettre un rapport à l’Assemblée générale de l’OEA », a déclaré Gloria Cano, avocate des proches des victimes, lors d’une conférence de presse.

L’ex-président Fujimori (1990-2000) souffre de problèmes respiratoires et neurologiques, dont des paralysies faciales. Il a quitté mercredi la prison sur ordre de la Cour constitutionnelle qui a rétabli une grâce accordée en 2017 « pour raisons humanitaires ».

La CIDH avait demandé mardi au Pérou de s’abstenir de libérer M. Fujimori jusqu’à ce qu’elle examine la légalité de la décision de la Cour constitutionnelle. Mais le gouvernement de la présidente Dina Boluarte a autorisé sa libération.

L’ancien homme fort du Pérou avait été jugé coupable de la mort de 25 personnes lors de deux massacres perpétrés par un commando de l’armée dans le cadre de ce qui avait été appelé la guerre contre le terrorisme (1980-2000) des guérillas d’extrême gauche et purgeait depuis 2009 une peine de 25 ans pour crimes contre l’humanité.