(Quito) L’Équateur, en guerre contre le narcotrafic et les groupes criminels, a allégé mardi le couvre-feu imposé il y a 15 jours dans le cadre de l’état d’urgence qui, a permis de faire chuter drastiquement le nombre d’homicides quotidiens.

Dans 10 des 24 provinces du pays, le couvre-feu sera notamment réduit d’une heure, de 0 h heures locales (0 h heure de l’Est) à 5 h (5 h heure de l’Est), selon une décision du président Daniel Noboa annoncée mardi.

Ces zones à hauts risques comprennent le port de Guayaquil, dans le sud-ouest du pays, épicentre de la violence des gangs et plaque tournante de l’expédition de cocaïne vers les États-Unis et l’Europe, ainsi que la capitale Quito.  

Grâce à l’état d’urgence, décrété le 8 janvier pour une durée de 60 jours, avec le déploiement de plus de 22 000 militaires dans les rues, il y a « une tendance à la baisse des morts violentes, avec une moyenne de 10,8 (homicides) par jour », a déclaré le commandant de police César Zapata lors d’une conférence de presse conjointe.

Entre le 1er et le 8 janvier, ce chiffre s’élevait en moyenne à 27,6 par jour.

Autre fois un havre de paix, l’Équateur est aujourd’hui l’un des pays les plus violents d’Amérique latine. Les homicides y ont augmenté de 800 % entre 2018 et 2023, passant de 6 à 46 pour 100 000 habitants.

Le pays est confronté à une vague de violences criminelles sans précédent depuis le 7 janvier, à la suite de l’annonce de l’évasion d’un dangereux chef de gang, Adolfo Macias, alias « Fito ».

Le président Noboa avait décrété l’état d’urgence après des émeutes dans les prisons, des prises d’otages et des attaques contre les forces de l’ordre et dans les quartiers.  

Les membres des 22 gangs criminels recensés dans le pays sont désormais considérés comme des « terroristes » et des cibles militaires, alors que le pays a été reconnu en état de « conflit armé interne ».

Selon le commandant Zapata, « 3219 terroristes » ont été arrêtés et cinq ont été tués. Des véhicules, bateaux armes et autres explosifs ont été saisis en nombre ainsi que 22 tonnes de drogues.

Livraison américaine

Alors que le gouvernement a appelé à l’aide internationale, en particulier des États-Unis, un imposant avion cargo Antonov AN-124, immatriculé en Ukraine, et rempli de matériels américains a atterri lundi soir à Guayaquil, selon des images diffusées par les médias.

« L’aide américaine est en train d’arriver », a confirmé le chef des forces armées, l’amiral Jaime Vela, expliquant qu’il s’agissait là d’une « accélération de l’aide déjà prévue ».

L’ambassade américaine a ainsi annoncé la livraison de 20 000 gilets pare-balles, un don pour un million de dollars d’équipements de sécurité, et un appui supplémentaire des personnels du FBI à la police locale.

Une délégation d’officiels américains, dirigée par la patronne du « Southern command » (qui couvre l’Amérique du Sud) s’est réunie lundi à huis clos avec M. Noboa au siège de la présidence à Quito.

Mardi, la même délégation a rencontré la procureure générale, Diana Salazar, dans le cadre du « soutien pour et des stratégies de coopération bilatérale pour lutter contre l’insécurité et le crime organisé », selon un communiqué du bureau du procureur.

Mme Salazar dirige actuellement une vaste enquête qui a abouti en décembre à l’arrestation d’une trentaine de personnes, dont des juges et des procureurs mais aussi des responsables pénitentiaires et des policiers, soupçonnés de complicité avec les organisations criminelles.

Quant à « Fito », toujours en cavale, « nous nous rapprochons de plus en plus et il est certain qu’il le sent », a averti M. Vela.