(Mexico) Un expert en cybersécurité a dénoncé vendredi au Mexique la fuite d’informations personnelles sur plus de 300 journalistes provenant apparemment d’une base de données de la présidence, suscitant l’inquiétude des défenseurs de la liberté de la presse.

Ces journalistes sont accrédités auprès de la présidence et ont assisté à la conférence de presse quotidienne du président Andres Manuel Lopez Obrador, a indiqué sur X Victor Ruiz, fondateur de la société de cybersécurité Silikn.

Dans l’un des dossiers apparaissent « l’adresse et le nom complet des personnes », a-t-il détaillé à l’AFP.

La liste a été trouvée sur un « forum » où des hackers commercialisent des bases de données publiées anonymement. Mais dans le cas des journalistes, les données étaient en accès libre.

« Il semble qu’il s’agisse d’une base de données de la présidence », a-t-il indiqué, reconnaissant ne pas en avoir la certitude totale. « La présidence a été informée, mais il semble qu’elle n’ait donné aucune réponse ».

Sur les réseaux, le début d’une liste alphabétique de noms de famille (de A à C) a été publié, avec les prénoms. Les patronymes sont occultés après les deux premières lettres.

L’AFP a pu identifier quatre de ses journalistes qui étaient accrédités auprès de la présidence en 2021.

L’organisation de défense de la liberté d’expression Article 19 a informé sur X qu’elle avait « corroboré avec plusieurs sources la diffusion de données personnelles de journalistes sur un forum en ligne ».

« Mexico étant l’un des pays les plus meurtriers pour la presse, avec 163 journalistes assassinés et 32 disparus, la fuite met non seulement en danger leur dignité et leur intimité, mais aussi leur sécurité physique », a ajouté l’ONG.

L’Institut national d’accès à l’Information (INAI) a annoncé une enquête pour fuite présumée, mentionnant une loi sur la protection des données personnelles.

La présidence doit « informer si ses systèmes de données ont été hackés et prendre les mesures de sécurité urgentes pour la protection des données personnelles des journalistes », a écrit sur X le sénateur indépendant Emilio Alvarez.

Contactée par l’AFP, la présidence n’a pas encore réagi pour l’instant.