(Brasilia) La défense de Jair Bolsonaro a demandé que soit récusé le juge en charge de l’enquête qui soupçonne l’ancien président brésilien d’extrême droite d’être impliqué dans une tentative de coup d’État.

Dans une requête adressée à la Cour suprême, les avocats de l’ex-chef d’État font valoir que le juge Alexandre de Moraes, chargé du dossier au sein de la haute juridiction, « se décrit comme victime directe » des actions faisant l’objet d’une enquête.

Cette situation compromet « l’impartialité nécessaire pour accomplir ses fonctions », estime la défense dans ce courrier en date de mercredi et consulté par l’AFP jeudi.

En plus de sa « récusation », les avocats demandent que les décisions du juge dans ce dossier soient frappées de « nullité ».

La semaine dernière, le juge Moraes a ordonné à la police de confisquer le passeport de M. Bolsonaro et d’opérer des arrestations et des perquisitions dans son cercle proche.

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Le juge Alexandre de Moraes, chargé du dossier au sein de la haute juridiction

La requête de la défense est actuellement examinée par le président de la Cour suprême, Luis Roberto Barroso, a-t-on appris auprès du tribunal.

L’ancien président, en poste de 2019 à 2022, est visé, avec une bonne partie des responsables en place sous sa présidence, pour un présumé projet de « coup d’État » qui aurait été ourdi avant même le 8 janvier 2023.  

Ce jour-là, des milliers de bolsonaristes refusant la défaite de leur champion face au leader de gauche Luiz Inacio Lula da Silva à la présidentielle d’octobre 2022 avaient saccagé les lieux de pouvoir à Brasilia, appelant à une intervention militaire.

Selon les enquêteurs, le camp Bolsonaro aurait conspiré avant même le scrutin pour déclarer l’état d’urgence, faire arrêter le juge Moraes et appeler à de nouvelles élections alors qu’une victoire de Lula paraissait de plus en plus probable.

Alexandre de Moraes a régulièrement subi les foudres de Jair Bolsonaro pour avoir dirigé plusieurs enquêtes sur lui, dans son double rôle de juge du Tribunal suprême fédéral et de président du Tribunal supérieur électoral (TSE).  

L’ancien président a été condamné en juin dernier par le TSE à huit ans d’inéligibilité pour diffusions de fausses informations.

Sollicité par l’AFP, le bureau du juge Moraes n’avait pas réagi dans l’immédiat.