(Buenos Aires) La justice argentine a rouvert lundi une nouvelle page contre l’ex-présidente péroniste Cristina Kirchner, avec le procès en appel de sa condamnation fin 2022 à une peine de prison pour fraude et corruption.

Douze ans de prison, au lieu des six ans – ainsi qu’une inéligibilité à vie – prononcés en première instance, ont été requis à l’ouverture du procès en appel, qui devrait s’étirer jusqu’à début avril, avec un verdict attendu environ un mois plus tard.

Présidente de 2007 à 2015, puis influente vice-présidente de 2019 à 2023, Cristina Kirchner, 70 ans, avait fin 2022 été condamnée pour « administration frauduleuse » au préjudice de l’État, dans un procès sur des marchés publics dans son fief politique de Santa Cruz (sud), pendant ses mandats présidentiels.

Plusieurs recours, dont un ultime devant la Cour suprême, ne devraient toutefois pas rendre une éventuelle sentence effective avant des années.

Cristina Kirchner a toujours nié toute malversation, et dénoncé, au long de la procédure lancée en 2019, une « persécution politico-judiciaire », par des juges selon elle instrumentalisés par l’opposition de droite, afin de la « bannir » politiquement.

Le procès ouvert lundi – en l’absence de Mme Kirchner – fait suite à des appels interjetés par l’accusation, qui demande une peine plus lourde, mais aussi par la défense, qui appelle à la relaxe.  

Parmi la douzaine de co-accusés rejugés, huit (dont un entrepreneur de BTP, des ex-dirigeants de l’organisme des chantiers routiers) avaient été condamnés en 2022.

« Un système de corruption s’était construit à Santa Cruz pour manipuler les travaux publics », a déclaré lundi le procureur Mario Villar, qui requiert aussi la condamnation de Mme Kirchner au titre de « cheffe d’organisation illicite », dont elle avait été relaxée en 2022.

Dans la foulée de ce jugement, l’ex-cheffe de l’État et figure de la gauche argentine avait annoncé un retrait politique, affirmant qu’elle ne serait candidate à aucun mandat aux élections générales d’octobre 2023.

Mme Kirchner a été inculpée dans une demi-douzaine de procédures depuis sa présidence, puis a obtenu plusieurs non-lieux. Mais fin 2023 la justice est revenue sur deux d’entre eux, des affaires de blanchiment et d’entrave à la justice, ouvrant la perspective de nouveaux potentiels procès à l’avenir.