La famille de Trân Triêu Quân est toujours sans nouvelles de lui.

M. Trân est ce résident de Québec d'origine vietnamienne dont l'emprisonnement dans son pays d'origine, en 1994, avait bouleversé et mobilisé une bonne partie des citoyens de la Vieille-Capitale.

Ingénieur de formation et ancien employé de la Régie du logement, M. Trân est arrivé à Port-au-Prince deux jours avant le tremblement de terre.

Les Québécois qui l'accompagnaient disent l'avoir vu pour la dernière fois à l'hôtel Montana, un hôtel écroulé qui a longtemps été très fréquenté par les Canadiens.

«Un confrère haïtien a laissé mon père et son collègue québécois à la porte de l'hôtel quinze minutes avant le séisme. Nous avons su que le collègue québécois de mon père a été blessé aux jambes et qu'il a été transféré à Miami. De mon père, nous sommes toujours sans nouvelle. Comme beaucoup d'autres familles dans la même situation que nous, nous gardons espoir et nous espérons avoir des informations le plus rapidement possible», de raconter au téléphone Joliette Trân.

L'épouse de M. Trân l'a eu au téléphone pour la dernière fois lundi. Il lui avait raconté sa journée de travail.

L'entreprise de Trân, Norbati, avait obtenu avec SNC Lavalin un contrat pour importer à Haïti le code du bâtiment du Québec et pour l'adopter aux spécificités locales. La mission était parrainée par la Banque mondiale.

À Québec, M. Trân est un personnage très connu et aimé de la population.

En 1994, l'entreprise de M. Trân avait agi comme intermédiaire entre une petite société américaine et une société d'État vietnamienne dans une transaction internationale de coton. L'affaire avait mal tourné, le gouvernement vietnamien avait fait de M. Trân un bouc émissaire et l'avait emprisonné.

Une pétition réclamant sa libération avait été signée par 125 000 personnes. Le journal Le Soleil, de même que plusieurs acteurs de la ville de Québec, avait beaucoup milité aussi pour que cesse sa détention illégitime.

M. Trân avait d'abord été condamné à mort, puis sa peine avait été commuée à vingt ans de travaux forcés.

Sous les pressions politiques, M. Trân a finalement été libéré en 1997. Il avait repris sa vie là où il l'avait laissée, faisant prospérer sa firme de génie, récoltant des contrats un peu partout dans le monde et s'impliquant à fond dans le taekwondo.