Le gouvernement de Stephen Harper appuie sans réserve l'idée du président français Nicolas Sarkozy d'organiser «une grande conférence» internationale avec les États-Unis, le Canada et le Brésil pour la reconstruction et le développement d'Haïti à la suite du séisme qui a frappé le pays.

«Bien sûr que le Canada va participer à cette conférence», a indiqué l'attaché de presse du premier ministre, Dimitri Soudas.Dans une déclaration à Paris, le président français Nicolas Sarkozy a proposé, à l'issue d'une réunion avec ses ministres pour discuter de la catastrophe qui frappe Haïti, de tenir cette conférence internationale dans les plus brefs délais. Il a dit avoir l'intention de s'entretenir à ce sujet avec le président des États-Unis, Barack Obama, et ajouté que le Canada, le Brésil et d'autres pays devraient être invités. «Haïti n'a pas vocation à un être un pays martyr. Cette nouvelle tragédie peut être la dernière si la communauté internationale se mobilise pour aider ce pays», a-t-il encore dit.

Dans l'immédiat, le président français a indiqué qu'il se rendrait à Port-au-Prince «dans les semaines qui viennent», dans le cadre d'une visite qu'il doit effectuer aux Antilles et qui doit comprendre une étape en République dominicaine, voisine d'Haïti.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a soutenu que la communauté internationale doit se doter d'une sorte de plan Marshall pour reconstruire Haïti. M. Duceppe a d'ailleurs envoyé une lettre au premier ministre Harper à cet égard.

Les pays membres du G20, dont font partie le Canada, les États-Unis, la Chine et la France, ont tenu jeudi à exprimer leur «solidarité» envers le peuple haïtien. Ils se sont aussi engagés à fournir rapidement une aide économique et matérielle pour soutenir les efforts humanitaires et répondre aux besoins essentiels de la population. Le prochain sommet du G20 doit avoir lieu à Toronto en juin. Le Canada et la Corée du Sud coprésideront le sommet.

Immigration facilitée

Le gouvernement canadien étudie par ailleurs la possibilité de faciliter l'arrivée de réfugiés haïtiens. Le premier ministre a mandaté son ministre de l'Immigration, Jason Kenney, afin qu'il examine «rapidement» les options possibles quant aux questions de visas, de réunification familiale et d'accueil de réfugiés.

«Nous aurons des annonces dans les journées à venir sur ces questions», a dit le premier ministre Harper, jeudi.

«C'est évident qu'on peut annoncer des politiques, qu'on peut changer des règles, mais la réalité est que c'est une situation sur le terrain qui est non fonctionnelle. Notre priorité reste la recherche et le sauvetage», a-t-il ajouté.

M. Harper s'est rendu en après-midi au siège de la Croix-Rouge canadienne, à Ottawa, pour faire un don en personne, invitant la population canadienne à faire preuve de générosité devant la tragédie, mais de le faire auprès d'organismes fiables.

Le gouvernement fédéral a annoncé en matinée qu'il égalera les dons en argent faits par les Canadiens aux organisations caritatives reconnues entre le 12 janvier et le 12 février, jusqu'à concurrence de 50 millions. L'aide canadienne pourrait donc atteindre 100 millions de dollars.

Les ministres des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, et de la Défense nationale, Peter MacKay, ont fait le point en matinée sur l'aide canadienne déployée sur le terrain.

Depuis mercredi, trois avions militaires du Canada sont arrivés à Port-au-Prince, transportant notamment deux hélicoptères, et une partie de l'équipe d'intervention en cas de catastrophe, le DART. Environ 200 soldats canadiens sont maintenant déployés en Haïti pour participer aux efforts de sauvetage. Quelque 500 autres membres des forces armées sont en route, à bord de deux navires militaires, dont l'arrivée est prévue pour lundi.

Sans être en mesure de fournir de chiffres sur les Canadiens manquant à l'appel, le ministre Cannon a toutefois prévenu que le bilan des pertes pourrait s'alourdir.

«À la suite de ces événements catastrophiques, nous nous attendons à ce que de nouveaux décès soient signalés au fur et à mesure que progressent les opérations de recherche et de sauvetage», a-t-il dit.