Au moins neuf ministres des Affaires étrangères convergeront à Montréal, lundi, pour organiser la toute première conférence internationale pour la reconstruction d'Haïti, qui pourrait se tenir en mars prochain en République dominicaine.

Cela permettra de jeter les premières bases d'une structure d'appui politique à la relance du pays, dont la facture est évaluée à quelque 10 milliards de dollars.

 

Des représentants de haut niveau du «groupe des amis d'Haïti» se rencontreront dans la métropole québécoise en présence du premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive. Le ministre français Bernard Kouchner et la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, ont confirmé qu'ils feront le voyage.

Les ministres du Brésil, du Chili, du Pérou, de l'Uruguay, du Mexique, de l'Argentine et du Costa Rica ont pour leur part donné leur accord de principe à la réunion diplomatique préparatoire de Montréal, mais n'ont pas encore officiellement confirmé qu'ils y participeront. D'autres pays pourraient se joindre à la réunion.

Ni le lieu de la rencontre ni le processus d'accréditation n'ont encore été dévoilés par Ottawa. «Nous travaillons très fort pour organiser cette conférence qui devrait durer environ une journée», a précisé la porte-parole du cabinet du ministre des Affaires étrangères, Natalie Sarafian.

«Il est important de noter qu'il ne s'agit pas d'une conférence des donateurs, mais d'une rencontre préparatoire à une éventuelle conférence», a ajouté Fred Lash, porte-parole du département d'État américain.

Les amis d'Haïti

Fondé il y a tout près de 20 ans, le «groupe des amis d'Haïti» est un rassemblement officieux de 10 pays, dont le Canada, qui partagent les mêmes vues et se réunissent périodiquement en marge du Conseil de sécurité de l'ONU.

Appelés en première ligne pour porter secours au pays dévasté, les membres de ce groupe ont travaillé de concert pour permettre le déploiement et le transport d'une partie de l'aide internationale. Mais pour le ministre Kouchner, il importe d'élargir ses bases afin que la conférence des donateurs qui se tiendra en mars soit «très large».

«La République dominicaine vient d'annoncer qu'elle serait candidate pour la tenir, a-t-il précisé hier. C'est tout près de Haïti et ce ne serait pas impossible, au contraire.»

D'ailleurs, une rencontre de travail entre représentants internationaux a eu lieu dans ce pays limitrophe à Haïti, hier. Les délégués présents, dont le ministre d'État des Affaires étrangères du Canada, Peter Kent, ont évalué que la reconstruction du pays pourrait coûter au moins 10 milliards de dollars sur une période de cinq ans.

Qui payera? Pour Jocelyn Coulon, directeur du Réseau francophone de recherche sur les opérations de paix, rattaché à l'Université de Montréal, il pourrait bien y avoir une cinquantaine de pays prêts à s'engager financièrement dans la relance de ce petit pays des Caraïbes.

«Ce qui se dessine, c'est la mise sur pied d'une structure sur le modèle de la conférence des donateurs pour l'Afghanistan, explique-t-il. Ce groupe se réunit régulièrement pour planifier l'aide, évaluer ce qui a été fait, ajuster le plan, etc. En ce sens, la rencontre de Montréal est importante, car elle envoie le message d'une mobilisation politique pour Haïti.»

«Il s'agit de maintenir la mobilisation politique, ajoute-t-il, et de s'assurer que les États vont se commettre.»