Le président d'Haïti, René Préval, estime que les autorités sont en train de reprendre la situation en main, neuf jours après le séisme qui a dévasté son pays et fait 200 000 morts, selon les plus récentes évaluations. Les organismes d'aide humanitaire ont commencé à construire des villages en périphérie de Port-au-Prince afin d'accueillir les 500 000 sans-abri de la capitale.

«Il est difficile de travailler comme par le passé, mais nous sommes en train de reprendre le contrôle, a déclaré M. Préval. L'aide s'organise et va continuer à s'améliorer. La population a déjà constaté que nous avons ramassé 70 000 morts. Les pompes à essence ont recommencé à être approvisionnées et les banques rouvrent aujourd'hui.»

 

Critiqué pour son manque de leadership depuis la catastrophe, le président Préval a répliqué: «La présidence est tombée, le parlement est tombé, le palais de justice est tombé, beaucoup de ministères et de bâtiments administratifs sont tombés avec tous leurs documents.»

M. Préval a aussi répondu à ceux qui lui reprochent de ne pas avoir été assez visible dans les jours qui ont suivi le séisme. Il a dit avoir fait le tour de la ville immédiatement après la catastrophe. «Les autres jours, j'ai fait d'autres visites, mais l'essentiel, c'est d'organiser les secours», s'est-il défendu.

Nouveaux villages

Le tremblement de terre du 12 janvier a détruit près de 50% des bâtiments de Port-au-Prince et laissé 2 millions de personnes sans logis. L'Organisation internationale pour les migrations estime que 500 000 personnes sont actuellement entassées dans quelque 447 camps improvisés dans la capitale.

Le ministre de l'Intérieur, Paul Antoine Bien-Aimé, a annoncé que 100 000 personnes seront bientôt relogées dans des camps déjà en construction près de Croix-des-Bouquets. De nouveaux villages seront aussi bâtis autour de la capitale.

Les chances de retrouver des survivants dans les décombres étant devenues quasi nulles, plusieurs secouristes ont quitté Port-au-Prince, hier. Mais des équipes brésiliennes, américaines et chiliennes travaillaient encore dans les ruines de l'hôtel Montana, d'où 10 morts ont été extraits et où 20 personnes sont portées disparues.

Pendant ce temps, l'aide humanitaire continue d'affluer dans la capitale ainsi qu'à Jacmel et Léogâne. Partout, le manque de vivres, mais surtout de fournitures médicales se fait cruellement sentir. Le Dr Greg Elder, de Médecins sans frontières, croit que les risques «d'épidémie de diarrhée, d'infection respiratoire et d'autres maladies» sont très élevés.

L'armée américaine a annoncé l'ouverture de trois aéroports afin d'acheminer de l'aide aux milliers de victimes du séisme. En plus de l'aéroport de Port-au-Prince, celui de Jacmel ainsi que ceux de San Isidro et de Barahoma, en République dominicaine, seront utilisés.

Depuis hier, un des deux quais du port sud de Port-au-Prince accueille aussi les navires. Toutefois, la piètre condition des routes ne permet la circulation que dans une direction, vers Port-au-Prince. Pour l'instant, 150 conteneurs par jour pourront être acheminés. L'autre port, au nord de la ville, reste quant à lui inutilisé, le séisme ayant sérieusement endommagé ses infrastructures.

Depuis le tremblement de terre du 12 janvier, une cinquantaine de répliques se sont fait sentir dans la région de Port-au-Prince. Hier, deux secousses d'une magnitude inférieure à 5 ont fait trembler la terre, sans causer de dommage majeur.

Preuve que la situation commençait à s'améliorer hier dans la capitale, certaines banques ont permis aux citoyens de retirer un peu d'argent. Les Haïtiens, privés de services bancaires depuis neuf jours, se sont rués sur les guichets d'urgence ouverts près de la Banque de la République d'Haïti (BRH), dans le centre de Port-au-Prince.