Pour aider à la reconstruction d'Haïti, les organismes internationaux doivent annuler sa dette, estiment les organisations non gouvernementales (ONG) à l'oeuvre à Port-au-Prince, dont certaines avaient été invitées à la conférence de Montréal. Mais les organismes prêteurs comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international accueillent cette demande avec la plus grande prudence.

Le Regroupement des organismes canado-haïtiens pour le développement (ROCAHD) était l'une des ONG invitées. Dès les premières minutes de la conférence, son président, Éric Faustin, a déclaré : «Nous demandons la remise de la totalité de la dette extérieure d'Haïti.» Cette dette s'élève à un peu plus d'un milliard de dollars.

«Nous avons insisté sur l'annulation de la dette. Haïti vient d'avoir un prêt de 100 millions de la part du FMI. Écoutez, dans ce genre de circonstances, il faut aller davantage vers des dons que verser des prêts!» a ajouté Michel Verret, d'Oxfam-Québec, lui aussi été invité à s'adresser aux délégués.

La secrétaire d'État aux Affaires étrangères des États-Unis, Hillary Clinton, s'est montrée favorable à un tel geste. «Nous examinons cela. C'est une pièce très importante du casse-tête», a-t-elle déclaré aux journalistes qui l'accompagnaient en avion.

Mais pour le premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, l'annulation de la dette n'est pas une priorité. «Ça peut être un acquis intéressant, mais ce n'est pas le principal pour nous. Haïti n'est pas un pays fondamentalement endetté. La dette est supportable.»

Les organismes prêteurs, eux, se montrent très prudents. «Il y a déjà eu un allègement de 1,2 milliard. La dette n'est pas un problème d'aujourd'hui, mais de demain», a dit Corinne Delechat, chargée de mission en Haïti pour le Fonds monétaire international.

Dans l'immédiat, ajoute-t-elle, le FMI a concédé au pays une période de grâce, au cours de laquelle il n'aura pas à faire de versements annuels. Les nouveaux fonds accordés seront aussi exempts d'intérêts pour deux ans.

«La dette n'est pas une préoccupation pour l'instant puisque Haïti bénéficie d'une période de grâce», a ajouté Patricia Cox, de la Banque mondiale.

Lundi, Hugo Chavez, le président du Venezuela, a annoncé que son pays allait effacer la dette d'Haïti, soit près du tiers de sa dette totale. «Préparez les documents, et la dette est annulée», a déclaré M. Chavez.

Gestion transparente

Mais qu'on annule la dette ou pas, toutes les sommes consenties à Haïti devront être administrées avec transparence, estiment les ONG. Éric Faustin, qui, à titre de directeur du ROCAHD, représentait la diaspora haïtienne, avait un message pour le premier ministre de son pays d'origine : «Nous vous demandons de nous donner des motifs de fierté et de satisfaction en offrant des mécanismes de gestion transparente de ces fonds.»

«Nous tenons à ce que le gouvernement haïtien soit au coeur de la réflexion sur la reconstruction, a ajouté Michel Verret. Mais il est important dans la gestion de l'argent qu'il y ait une transparence, qu'on puisse rendre des comptes.»

«Nous avons tiré les leçons du tsunami. La population et les gouvernements locaux doivent mis à contribution au maximum», estime John Holmes, secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et coordonnateur des secours d'urgence de l'ONU.