L'attention se tournait de plus en plus jeudi vers la reconstruction à long terme d'Haïti où le travail qui reste à accomplir est colossal, plus de deux semaines après le séisme dont les ravages exposent des centaines de milliers de sinistrés à une insécurité grandissante.

L'envoyé spécial adjoint de l'ONU pour Haïti, Paul Farmer, a affirmé jeudi devant le Sénat américain que «75%» de la capitale Port-au-Prince devaient être reconstruits après le violent tremblement de terre du 12 janvier.

«C'est tellement massif que nous avons besoin de la meilleure équipe internationale pour se pencher sur le problème», a-t-il dit.

La violente secousse a fait plus de 170 000 morts et le pays caribéen, en ruines, compte au moins un million de sans-abri.

«Il faut faire encore bien plus», a déclaré à l'AFP le chef adjoint de la mission de l'ONU en Haïti (Minustah), Anthony Banbury, lors d'une visite à Jacmel, une ville située à une quarantaine de kilomètres au sud de Port-au-Prince et dont l'hôpital en partie détruit témoigne de la violence du choc.

«Les décisions que nous prenons maintenant concernant les abris auront des implications à long terme. Nous ne voulons pas qu'il y ait d'énormes villes de tentes qui, plus tard, se transformeront en bidonvilles sclérosés par les problèmes sanitaires, d'insécurité, de maltraitance des enfants», a-t-il ajouté.

La nécessité de reconstruire est d'autant plus pressante qu'en désorganisant les forces de sécurité locales, le séisme a fait le lit de nouvelles formes de violence.

«À la faveur du black-out qui sévit sur la capitale d'Haïti, des bandits en profitent pour harceler et violer femmes et jeunes filles réfugiées sous les tentes», a affirmé Mario Andrésol, directeur de la police haïtienne.

«Nous avons plus de 7000 bandits dans les rues qui se sont échappés de la prison centrale le soir du séisme. Nous avions mis cinq ans pour les appréhender, ils sont dans la nature aujourd'hui et vont constituer une source de problèmes», a-t-il ajouté.

Seize jours après le séisme, certains n'ont pas perdu espoir de retrouver des survivants et d'assister un nouveau miracle, comme le sauvetage mercredi de Darlene Etienne, 16 ans, dans un état de déshydratation avancé.

«À ma connaissance, elle fait partie des cas extrêmes de survie», a remarqué le médecin-colonel français Michel Orcel.

Environ 135 personnes ont été retrouvées vivantes sous les décombres depuis le séisme le 12 janvier.

Les dons, promis ou déjà collectés, pour aider Haïti atteignaient jeudi 2,02 milliards de dollars (1,45 milliard d'euros), selon un décompte des Nations unies.

Ces dons proviennent de centaines d'États, organisations non gouvernementales, fondations, entreprises ou particuliers. Ainsi, 15 000 dollars ont été versés par le président américain Barack Obama et son épouse Michelle à la fondation de ses prédécesseurs, George W. Bush et Bill Clinton, qu'il a lui-même chargés de collecter des fonds.

Devant le forum économique mondial (WEF) organisé comme chaque année à Davos, en Suisse, M. Clinton, a appelé en tant qu'envoyé spécial de l'ONU pour Haïti les chefs d'entreprises à investir dans le pays.

L'investissement en Haïti doit être vu comme «une occasion de faire des affaires» plus que comme une forme d'assistance, a-t-il dit, faisant l'éloge du dynamisme et des efforts des Haïtiens.

Sur place, l'aide internationale poursuivait ses efforts pour remettre sur pieds les infrastructures du pays. Les ingénieurs américains auront besoin de huit à 10 semaines pour réparer un embarcadère du port de Port-au-Prince, crucial pour acheminer l'aide, selon l'armée américaine.