Le Programme alimentaire mondial (PAM) a commencé à distribuer massivement des sacs de riz aux réfugiés de neuf camps de Port-au-Prince, hier. L'opération s'est déroulée plutôt calmement, alors que plusieurs personnes n'avaient pas encore reçu de nourriture, près de trois semaines après le séisme.

La Presse a assisté à la distribution au camp de la place Saint-Pierre dans le quartier de Pétionville, ou vivent près de 10 000 personnes. Aux abords du camp, des camions de l'ONU remplis de 80 soldats sont arrivés dès 6h du matin, pour établir un périmètre de sécurité autour des trois camions du PAM.

 

Samedi, des coupons avaient été distribués à une partie des réfugiés par l'organisme Goal, un partenaire du PAM. «Seules les femmes pouvaient obtenir ces coupons. On veut que l'opération se déroule dans le calme et elles sont plus faciles à contrôler», a expliqué le coordonateur de Goal, Bryan Casey.

En tout 1700 familles ont pu recevoir un sac de riz de 25 kg hier à la place Saint-Pierre. La distribution s'est déroulée sans émeute. Mais à un moment, des hommes massés près de l'enclave ont essayé d'entrer en criant: «Abus! Abus!» Un employé de Goal muni d'un porte-voix est venu calmer leurs ardeurs.

Certaines personnes qui sortaient avec un sac de nourriture se faisaient aussi assaillir par des gens voulant en avoir une partie.

Les milliers de gens qui attendaient dans des files interminables étaient quant à elles plutôt calmes. Enceinte de plusieurs mois, Samène Moïse a raconté avoir dû attendre cinq heures avant de recevoir sa ration. «Et hier, j'ai dû me battre pour avoir un coupon.»

À l'extérieur du périmètre, Guerline Jean, enceinte elle aussi de plusieurs mois, déplorait ne pas avoir reçu de coupon ni de nourriture.

Plus l'après-midi avançait, plus la tension montait à la place Saint-Pierre. Une heure avant la fin de l'opération, M. Casey a fortement recommandé aux journalistes de quitter les lieux.

Au fur et à mesure que le dernier camion se déchargeait, les organisateurs courraient dans tous les sens, visiblement inquiets. Les réfugiés étaient de plus en plus nombreux à se presser aux barrières.

À 13h20, le dernier camion était vidé. Pour calmer la foule mécontente, un employé muni d'un porte-voix a expliqué qu'une distribution semblable aura lieu tous les jours pour les deux prochaines semaines dans plusieurs camps de la ville, dont le leur.

À 13h28, les soldats ont défait l'enclave. Une cinquantaine de personnes se sont immédiatement ruées pour s'arracher quelques sacs de riz qui traînaient toujours par terre. L'empoignade a été violente, mais rapide.

Une dizaine de minutes plus tard, la foule s'est dispersée. M. Casey s'est réjoui du succès de l'opération.

Le PAM avait prévu faire ce genre de distribution dans 16 camps, hier. Mais différents problèmes les ont forcés à ne faire de distribution que dans neuf camps. «On sera en mesure de se rendre dans plus de camps très bientôt, a assuré la porte-parole du PAM à Port-au-Prince, Natasha Scripture. Notre objectif est de nourrir 2 millions de personnes en deux semaines.»