La semaine dernière, un convoi d'aide humanitaire surveillé par des policiers montréalais a livré 4,5 tonnes de nourriture dans une ferme de la banlieue de Port-au-Prince. L'établissement devait recevoir 500 orphelins. Mais une semaine plus tard, les enfants ne sont toujours pas arrivés et la nourriture attend dans un entrepôt, a constaté La Presse.

Le domaine Double Harvest est situé dans la plaine de Croix-des-Bouquets, à une heure de route de la capitale. Entourée de terres agricoles verdoyantes, la ferme est dirigée par l'Américain Arthur Spalding.

Soutenu par différentes ONG, M. Spalding engage à l'année 200 Haïtiens pour labourer les champs, cultiver la pépinière et entretenir une pisciculture. «L'objectif est de donner du travail aux gens d'ici», explique M. Spalding. Double Harvest gère aussi un hôpital et une école, qui accueille 450 enfants.

Depuis le tremblement de terre, l'hôpital de Double Harvest accueille plusieurs patients gravement touchés. La ferme s'est également offerte pour accueillir 500 orphelins.

Des vivres fournis par le Programme alimentaire mondial (PAM) ont donc été livrés le 25 janvier. Un journaliste de La Presse avait suivi le convoi, surveillé par des policiers du SPVM. Arrivés sur les lieux, les policiers avaient été surpris de voir qu'aucun orphelin n'était sur place. Ils s'étaient fait dire que les enfants arriveraient le lendemain.

Mais hier, aucun n'était encore arrivé, a reconnu M. Spalding, visiblement gêné par la question. «Ils arriveront peut-être aujourd'hui... Ou demain», a dit le propriétaire, qui semblait étrangement confus.

Son fils, Andrew Spalding, a ensuite expliqué le malentendu. «Nous

avions dit au départ que nous pourrions accueillir 200 orphelins. Mais on nous a livré de la nourriture pour 500. Nous n'avons pas de place pour autant d'enfants ! Là, on attend toujours de savoir ce qui va se passer», dit le jeune homme.

La confusion qui règne à Double Harvest démontre la complexité de la gestion de la crise haïtienne. C'est le PAM qui a livré la nourriture à Double Harvest la semaine dernière. La porte-parole du PAM, Natasha Scripture, dit ne pas savoir pourquoi les enfants ne sont toujours pas arrivés. «Je suis sûre qu'ils arriveront bientôt», a-t-elle dit.

Selon Andrew Spalding, c'est l'UNICEF qui devait amener les orphelins. Le coordonnateur d'urgence pour l'UNICEF en Haïti, le Québécois Marc Salvail, affirme ne pas avoir entendu parler de la ferme Double Harvest. «Je ne connais rien de ça. Encore moins du fait que 500 enfants devaient s'y rendre», dit-il.

Alors que des milliers de réfugiés attendent toujours d'être nourris à Port-au-Prince, une confusion administrative incompréhensible bloque donc des vivres dans un entrepôt.