Les Haïtiens qui habitent au Québec pourront, du 17 février au 31 décembre, faire venir au pays leurs frères, leurs soeurs (accompagnés de leurs conjoints) et les enfants de ceux-ci. Les Haïtiens d'ici pourront aussi faire venir leurs enfants qui ont plus de 22 ans. Le plafond de cette mesure exceptionnelle de parrainage humanitaire est fixé à 3000 personnes.

C'est ce qu'a annoncé hier Yolande James, ministre québécoise de l'Immigration et des Communautés culturelles.

Normalement, seuls les père et mère, les grands-parents et les enfants de moins de 22 ans sont admissibles au programme de réunification des familles.

 

De manière tout aussi exceptionnelle, les Haïtiens qui veulent faire venir des proches et qui ne disposent pas de revenus suffisants pour s'en porter garants pourront avoir recours à un cosignataire, haïtien ou pas. Ainsi, des Québécois qui n'ont aucun lien avec Haïti pourront aider des amis d'origine haïtienne à faire venir des membres de leur parenté.

Par exemple, une personne célibataire qui veut faire venir un adulte et un enfant haïtiens doit prouver qu'elle ou son cosignataire dispose de revenus annuels de 42 700$.

La ministre James a précisé que les 3000 Haïtiens qui seront admis au Québec grâce à ce programme ne feront pas augmenter le nombre d'immigrants cette année puisque les demandes des autres pays seront limitées d'autant.

La ministre a par ailleurs précisé que les 3000 personnes ne seront pas choisies selon le principe «du premier arrivé, premier servi», mais en fonction de deux critères, à savoir «le degré de détresse» des personnes affectées par le séisme du 12 janvier et «leur capacité d'intégration» à la société québécoise.

Pourquoi 3000 personnes et pas plus? À cela, Mme James a répondu que ce ne serait rendre service à personne que de faire venir ici des gens que l'on ne serait pas en mesure d'accueillir adéquatement. Aussi, a-t-elle dit, il faut faire attention à «ne pas vider Haïti de ses ressources».

À l'heure où les relations entre Québec et Ottawa ne sont pas au beau fixe, Mme James a relevé que son homologue fédéral, Jason Kenney, est au courant de la démarche du Québec et qu'il l'approuve.

Comment les Haïtiens peuvent-ils faire venir des frères et des neveux dans la mesure où les dossiers de 1500 Haïtiens dont la venue a déjà été avalisée par Québec ne débloquent toujours pas à Ottawa? Mme James a assuré «échanger avec M. Kenney» à ce sujet. «Nous avons manifesté le désir de voir l'accélération de ce dossier.»

Le consul général d'Haïti, Pierre-Richard Casimir, présent à la conférence de presse, est ravi des nouvelles mesures annoncées. «Ça correspond à une forte demande de la communauté haïtienne d'ici.»

Un bon pas...

Marjorie Villefranche, directrice des programmes à la Maison d'Haïti, à Montréal, a pour sa part indiqué que l'élargissement du programme de réunification familiale «représente un progrès après tous nos malheurs». «J'aurais cependant aimé que la mesure soit en place pour plus d'un an, d'autant plus que l'on sait à quel point ça bloque à Ottawa.»

Ninette Piou, présidente du Conseil national des citoyens d'origine haïtienne, aurait préféré quant à elle que le plafond de 3000 personnes soit plus élevé et, comme Mme Villefranche, que la mesure aille au-delà d'un an. «À l'heure actuelle, il n'est pas facile en Haïti de réunir les documents nécessaires et l'ambassade du Canada n'a pas tant de personnes en place. Les délais pourront-ils être respectés?»

Il est à noter qu'il faut attendre le 17 février pour se présenter aux bureaux d'immigration. Toute l'information pertinente se trouvera sur le site www.immigration-quebec.gouv.qc.ca/haiti.