Alors que les Canadiens continuent à donner des dizaines de millions de dollars pour venir en aide à Haïti, les organisations humanitaires se démènent pour acheminer le plus d'argent possible au pays dévasté.

Mais les coûts administratifs, les défis logistiques et, dans certains cas, une tenue de comptes douteuse font en sorte que certains dons sont plus susceptibles que d'autres de soulager les survivants du séisme du 12 janvier.

Un sondage mené par La Presse Canadienne auprès de six organismes canadiens a révélé que, si certains assurent que chaque dollar sera envoyé en sol haïtien, d'autres retiennent un certains pourcentage des sommes reçues afin de gérer les fonds.

Variant entre deux et dix pour cent, ces prélèvements sont utilisés pour couvrir des dépenses telles la publicité, le fonctionnement des centres d'appel et l'entretien des serveurs des sites Web.

La comparaison entre les différents groupes interrogés peut toutefois être trompeuse puisqu'il n'existe pas de manière établie pour calculer les frais administratifs.

World Vision Canada a pour objectif de consacrer un maximun de 10 pour cent des dons à la gestion.

International Development and Relief Foundation prélève quant à lui 8,5 pour cent de tout l'argent reçu pour l'administration.

Du côté de l'Humanitarian Coalition, qui regroupe notamment OXFAM-Canada, OXFAM-Québec, Care Canada et Aide à l'enfance Canada, les coûts administratifs représentent environ huit pour cent des sommes amassées.

UNICEF Canada prévoit que ses frais de gestion accapareront entre deux et cinq pour cent des fonds.

Seuls Plan International Canada et Adventist Development and Relief Agency Canada se sont engagés à verser la totalité du montant à des projets en sol haïtien.

Des sommes énormes pour la logistique

Même quand l'argent est effectivement expédié en Haïti, rien ne garantit que les dons serviront uniquement à fournir de la nourriture, de l'eau, un abri et des soins médicaux. Les organisations humanitaires reconnaissent que des sommes énormes doivent d'abord être dépensées pour la logistique.

Par exemple, il peut coûter jusqu'à 2000 $ US par jour pour louer un véhicule afin de transporter de l'eau potable de la République dominicaine jusqu'à Haïti.

«Le besoin le plus pressant est vraiment du côté du transport parce que tout le monde se dispute les camions et les conducteurs, a affirmé Jane Connolly, directrice des programmes pour International Development and Relief Foundation. C'est l'un des problèmes en matière de chaîne logistique que l'on rencontre après des désastres.»

Les organismes d'aide se sont récemment efforcés à faire preuve de plus de transparence concernant l'utilisation des dons qu'ils reçoivent.

A la suite du tsunami de 2004 en Asie, plusieurs personnes ayant donné de l'argent avaient été surprises d'apprendre que certains organismes importants n'étaient pas en mesure de dépenser toutes les sommes amassées alors que des groupes plus modestes n'arrivaient pas à financer leurs projets.

La majorité des dollars versés spécifiquement pour la catastrophe ne se sont jamais rendus jusqu'aux victimes et ont plutôt été utilisés pour d'autres programmes.