Tout a commencé par un simple courriel. Poncho Jacot, un employé des Nations unies à Port-au-Prince, a écrit à toutes ses connaissances le 26­janvier pour signaler à quel point Haïti manquait de tentes pour abriter les sinistrés du tremblement de terre.

M.­Jacot, un policier ontarien à la retraite, s'attendait alors à recevoir quelques dizaines, voire une centaine de tentes. C'était sans compter la force du bouche-à-oreille.

Ce matin, à peine deux semaines plus tard, pas moins de 3000­tentes recueillies au Québec et en Ontario prendront le chemin de Port-au-Prince. «Je n'aurais jamais pensé pouvoir en récolter autant dans un si court laps de temps», a dit M.­Jacot, joint en Haïti.

Gilbert Haeck, copropriétaire de la succursale montréalaise d'AMJ Campbell, ne s'attendait pas non plus à une réponse aussi importante. AMJ Campbell s'est porté volontaire pour entreposer les tentes dans ses succursales du Québec et de l'Ontario et les préparer pour le transport.

Rencontré la semaine dernière dans l'entrepôt de Montréal, Gilbert Haeck était entouré de dizaines de boîtes remplies de tentes, mais aussi de matelas de sol, de couvertures et de sacs de couchage. Il regardait souvent son BlackBerry pour savoir où en étaient les démarches visant à expédier le matériel.

Trouver le transport vers Haïti n'a pas été une mince affaire. Courriels, appels, conférences téléphoniques... M.­Haeck et ses collègues ont dû cogner à plusieurs portes pour en arriver à leurs fins. «Les méandres de la bureaucratie», dit-il.

«Loin de moi l'idée de minimiser le travail colossal des ONG sur place, mais malheureusement, il n'y a pas de pôle central pour coordonner les dons, a souligné Gilbert Haeck. Ça prend beaucoup de coups de téléphone et beaucoup de travail de persuasion. Disons qu'il faut tirer des ficelles et brasser des chemises.»

Grâce à l'aide du CECI et de Vision mondiale, le groupe a réussi la semaine dernière à envoyer environ 350­tentes par voie aérienne. Le ministère des Affaires étrangères a refusé de transporter la balance à base d'un avion militaire, parce que celles-ci ne correspondaient pas «aux standards», selon M.­Haeck.

Finalement, des camionneurs d'AMJ Campbell et Challenger Freight prendront ce matin le chemin de Miami, en Floride. De là, une barge américaine les mènera jusqu'à Port-au-Prince. Selon le gouvernement haïtien, le pays a besoin de 200­000­tentes.

«Nous en avons recueilli 3000 avec très peu de médiatisation, a souligné Gilbert Haeck. Imaginez à quel point on pourrait avoir une réponse incroyable si nous avions les structures nécessaires pour expédier le matériel...»