Le rapide déploiement des Forces canadiennes en Haïti dans la foulée du tremblement de terre qui a ravagé le pays, le mois dernier, est la preuve qu'il valait la peine d'investir des milliards de dollars dans de nouveaux équipements militaires, a soutenu mardi le premier ministre Stephen Harper, en marge de sa visite de zones dévastées.

Au deuxième et dernier jour de son voyage éclair en Haïti, M. Harper s'est rendu à Jacmel, dans le sud du pays, et à Léogâne, à l'ouest de Port-au-Prince.

«La planète entière a pu constater que le Canada est maintenant un acteur majeur lorsque vient le temps d'intervenir dans des catastrophe naturelles», a déclaré M. Harper dans un discours prononcé principalement en français devant une centaine de soldats du Royal 22e Régiment de Valcartier réunis au «camp Lynx», la base canadienne installée à Léogâne.

«Tout le monde a vu que le Canada a l'équipement, le savoir-faire, la connaissance et le personnel pour intervenir rapidement et efficacement», a-t-il ajouté, se félicitant particulièrement de l'acquisition de quatre avions de transport géants C-17, en 2007, au coût de 1,8 milliard $.

«Grâce à cet avion polyvalent, le Canada n'a plus à faire du pouce pour être déployé à l'étranger», a affirmé le premier ministre, posté devant les ruines d'un bâtiment écroulé. «Le Canada n'a plus à dépendre de la bonne volonté des autres avant de pouvoir agir.»

Stephen Harper a fait remarquer qu'«à une certaine époque», les C-17 «ne correspondaient pas aux politiques de «puissance douce» du Canada», mais que la situation avait changé depuis.

Plus tôt dans la journée, en compagnie du premier ministre haïtien, Jean-Max Bellerive, M. Harper avait examiné les ruines du lycée Anacoanna de Léogâne, dont les deux étages se sont effondrés lors du séisme. Par miracle, personne n'est mort, tous les occupants ayant évacué l'édifice de béton à temps. Immédiatement après le départ des politiciens, les Forces canadiennes ont amorcé la démolition de ce qui restait du bâtiment.

Le premier ministre a également visité le vaste hôpital de campagne canadien à Léogâne, équipé notamment de deux salles d'opération à la fine pointe de la technologie. L'hôpital, où travaillent 117 personnes, a accueilli son premier patient le 29 janvier. Depuis, 102 opérations ont été réalisées et 2 148 patients ont été traités.

Lent retour à la normale

En matinée, à Jacmel, Stephen Harper a été accueilli par des membres de l'Equipe d'intervention en cas de catastrophe (mieux connue sous son acronyme anglais DART) des Forces canadiennes. Il a fait le tour de la clinique militaire, qui a traité de nombreux blessés du tremblement de terre, dont un bébé qui serait resté 17 jours sous des décombres. L'enfant se porte bien.

Depuis au moins une semaine, ce sont des patients beaucoup plus légers, qui souffrent de problèmes de santé courants comme des problèmes intestinaux, que la clinique canadienne reçoit.

M. Harper a également goûté à l'eau purifiée par l'unité spécialisée de la DART, qui est distribuée à la population, et s'en est déclaré satisfait. Les Forces canadiennes participent aussi à la fabrication de latrines destinées notamment aux camps de déplacés des environs.

Jacmel a été moins durement touchée par le séisme que Port-au-Prince et Léogâne. Le déblaiement avance à grands pas et des maçons sont déjà à l'oeuvre pour reconstruire des bâtiments.

Dans la ville de quelque 30 000 habitants, en plus des soins médicaux et sanitaires, les Forces canadiennes coordonnent aussi les activités au petit aérodrome, qui a reçu jusqu'à 90 avions par jour au pire de la crise, contre trois par semaine en temps normal.

Plus d'un mois après le tremblement de terre, qui a fait plus de 200 000 morts en Haïti, les autorités canadiennes estiment répondre adéquatement aux besoins en eau, en nourriture et en soins de santé de la population des régions où elles sont présentes. Par contre, la fourniture d'abris temporaires pose encore problème.

Environ 2000 soldats canadiens ont été déployés en Haïti dans la foulée du séisme, dont environ 200 à Jacmel et plus de 675 à Léogâne, sans compter la centaine d'employés de l'hôpital de campagne.

De plus, deux navires de la marine canadienne naviguent au large du pays: le Athabaskan, sur lequel Stephen Harper a passé la nuit de lundi, et le Halifax.

Le gouvernement n'a pas encore annoncé quand les soldats rentreront au pays, mais on s'attend à ce que ce soit le mois prochain ou au début avril. M. Harper a toutefois assuré que l'engagement du Canada au plan humanitaire durerait plusieurs années.

En réponse à la catastrophe, Ottawa a annoncé le versement de 85 millions $ aux Nations unies et à des organisations non gouvernementales. A cela s'ajoutent les quelque 154 millions $ donnés directement par les Canadiens, dont 128 millions $ qui seront doublés par le fédéral.

C'est sans compter qu'avant le tremblement de terre, Ottawa avait promis d'investir 555 millions $ en Haïti de 2006 à 2011.

Au dernier compte, 34 Canadiens sont morts dans le séisme et 55 manquent toujours à l'appel.