Le parlement haïtien a approuvé la création d'une commission co-présidée par l'ancien président américain Bill Clinton qui sera chargée de superviser l'utilisation des milliards de dollars fournis par la communauté internationale pour la reconstruction du pays après le séisme du 12 janvier, a annoncé vendredi le ministère haïtien de la Communication.

Le vote était très attendu par les donateurs internationaux qui souhaitent qu'une stricte supervision s'exerce sur les 5.3 milliards de dollars promis pour 2010-2011 lors de la conférence des Nations unies du 31 mars.

Treize sénateurs haïtiens ont approuvé jeudi un paquet de mesures législatives sur la reconstruction, a précisé la ministre de la Communication Marie-Laurence Jocelyn Lassègue. Un sénateur a voté contre, deux se sont abstenus et onze autres étaient absents.

Ce paquet de mesures avait été précédemment approuvé par la chambre basse du Parlement et devrait entrer en vigueur après approbation du président René Préval.

Le vote étend l'État d'urgence décrété après le séisme en Haïti de 18 mois supplémentaires. L'aide accordée pendant cette période sera supervisée par la Commission intérimaire de reconstruction d'Haïti co-présidée par Bill Clinton, émissaire spécial des Nations unies en Haïti, et par le premier ministre haïtien Jean-Max Bellerive. Le président haïtien dispose du droit de veto sur les décisions de la commission.

La commission sera également composée de parlementaires haïtiens, de représentants des syndicats et du patronat, ainsi que de délégués des États-Unis, du Canada, du Brésil, de France, du Venezuela, de l'Union européenne, de la Banque de développement interaméricaine, de la Banque mondiale, des Nations unies et de la Communauté des Caraïbes.

Dans un récent rapport, le département d'État américain a affirmé que la corruption et la mauvaise gestion étaient «sévères (...) dans toutes les branches du gouvernement» haïtien.

Un sondage réalisé cette semaine auprès de plus de 1700 Haïtiens par l'organisation humanitaire internationale Oxfam a montré que moins de 7% des personnes interrogées souhaitaient que leur gouvernement gère seul la reconstruction, tandis que 25% ont estimé qu'il pourrait le faire en partenariat avec les autorités locales et les organisations communautaires. Près de 40% des personnes interrogées ont dit souhaiter que le contrôle revienne à un gouvernement étranger.

La législature de l'actuel Parlement haïtien arrive à son terme le mois prochain. Les élections législatives, initialement prévues en février, ont été annulées compte tenu du séisme.