En avril 2009, l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) a inauguré un pavillon tout neuf à l'Université d'État d'Haïti à Port-au-Prince. Le 12 janvier dernier, le tremblement de terre l'a entièrement détruit. Aujourd'hui, l'AUF veut reconstruire l'édifice. Mais comme l'ensemble du réseau universitaire haïtien, un défi de taille doit auparavant être surmonté: la démolition.

«L'immeuble respectait toutes les exigences du code du bâtiment. Devant la force du séisme, il n'est plus utilisable, affirme la vice-rectrice à la vie associative et au développement de l'AUF, Mireille Mathieu. On veut reconstruire. Mais il faut d'abord le détruire et ce n'est pas si simple.»

 

Dans le chaos qui règne encore à Port-au-Prince, il est ardu d'y faire entrer des grues et des camions. Et l'AUF n'est pas la seule à devoir faire face à ces difficultés. Pour relancer le réseau universitaire haïtien, les recteurs des principales universités de ce pays seront présents aujourd'hui à Montréal, alors que se dérouleront les Assises sur la reconstruction de l'enseignement supérieur en Haïti.

Les défis de cette rencontre sont multiples. Car comme l'explique Mme Mathieu, les problèmes avec l'éducation supérieure étaient présents bien avant le séisme. «Il y a au-dessus de 200 universités en Haïti, qui n'offrent pas des formations d'égale qualité. Les recteurs souhaitent une meilleure régulation des contenus», dit-elle.

La majorité des universités sont aussi concentrées à Port-au-Prince. «On aimerait décentraliser l'éducation supérieure», note Mme Mathieu. Des villes comme Jacmel, Cap-Haïtien et Les Cayes pourraient très bien accueillir des facultés universitaires.

Le séisme du 12 janvier n'a fait qu'affaiblir encore plus l'éducation supérieure. Plus de 6000 étudiants et 200 enseignants ont péri. L'école des infirmières, qui s'est écroulée, a emporté avec elle une cohorte entière d'étudiantes, ce qui laisse présager le pire pour ce pays qui compte encore un très grand nombre de blessés.

«Les recteurs ont établi une série de disciplines qu'il faudra privilégier. Les sciences infirmières en font partie, de même que les emplois en réadaptation», illustre Mme Mathieu.

La majorité des universités a recommencé à donner des cours sous des tentes. Mais «sur les 32 établissements de taille respectable que compte la capitale, 28 sont déclarés inutilisables», écrivent les recteurs des principales universités haïtiennes dans un document intitulé État de situation.

Les recteurs doivent maintenant décider où ils reconstruiront leurs bâtiments. L'Université d'État d'Haïti, qui était répartie sur 11 sites, songe à se regrouper.

Au-delà de la reconstruction, les Assises cibleront trois priorités: la formation des maîtres, la formation à distance et l'arrêt de la fuite des cerveaux.

Mme Mathieu ajoute que le Québec devra aussi étudier de quelle façon il pourra aider Haïti. «Par exemple, le Québec a aboli les droits de scolarité majorés pour les Haïtiens cet hiver. L'initiative va-t-elle se poursuivre? Les universités du Québec pourraient aussi envoyer des professeurs enseigner en Haïti. Mais pendant ce temps, les universités devront engager des chargés de cours pour combler les trous. Les universités n'ont pas cet argent. Le gouvernement va-t-il les aider? demande Mme Mathieu. On va discuter de ça au cours des prochains jours.»