La Chine, qui s’était démarquée grâce à une stratégie « zéro COVID-19 », doit maintenant faire face à une forte vague causée par le variant Omicron. Une recrudescence du nombre de cas qui est probablement causée par « le faible niveau d’immunisation » dans le pays, estiment des experts.

La Chine a fait état mardi de 5280 cas de COVID-19 au cours des dernières 24 heures, soit le décompte le plus élevé depuis la toute première vague épidémique au début de 2020. Un nombre de cas frappant pour le pays qui applique une politique « zéro COVID-19 » face à l’épidémie.

« Malgré nos mesures, on s’est fait surprendre au Québec avec la vitesse de transmission d’Omicron, donc c’est probablement la raison pour laquelle la Chine voit une soudaine montée », indique Nathalie Grandvaux, chercheuse au laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales du Centre hospitalier de l’Université de Montréal.

Jusqu’à présent, la Chine est parvenue à contrôler les éclosions au moyen de confinements locaux, de dépistages de masse et d’un contrôle de sa population par l’intermédiaire d’applications de traçage, tout en conservant les frontières du pays pratiquement fermées.

« Ils prennent des mesures plus drastiques que ce qu’on a vu au Québec pour bloquer la transmission, alors ils risquent de contrôler assez efficacement cette vague, mais on verra si leur technique zéro COVID-19 va tenir le coup face à Omicron », lance Mme Grandvaux.

Devant la flambée record des cas de COVID-19, les 17 millions d’habitants de Shenzhen, centre technologique du sud de la Chine, étaient confinés lundi, tandis que des restrictions ont été imposées dans d’autres grandes villes du pays. À Shanghai, métropole la plus peuplée de Chine, des quartiers résidentiels sont bouclés.

Faible immunité

Des experts craignent que le peu de personnes infectées en Chine depuis le début de la pandémie lui ait nui. « L’infection naturelle ajoute une protection individuelle, ce qui permet de parer à l’arrivée d’un virus. Contrairement à beaucoup de pays, il n’y a pas eu beaucoup de personnes en Chine qui ont été infectées par le virus », dit Benoit Barbeau, virologue et professeur au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal.

La Chine a enregistré à peine 116 000 cas pour 1,4 milliard d’habitants depuis le début de la pandémie. À titre de comparaison, le Canada a enregistré plus de 3,3 millions de cas pour une population de 38 millions d’habitants.

L’arrivée d’un nouveau variant dans un pays vierge comme la Chine peut engendrer des dégâts. Le risque que le virus se propage est quand même assez important.

Benoit Barbeau, virologue et professeur de sciences biologiques

« Plusieurs pays qui avaient opté pour cette stratégie [zéro COVID-19] ont abandonné, parce qu’ils se rendaient compte que ce n’était pas soutenable à long terme », ajoute Mme Grandvaux.

Elle rappelle que la stratégie est un objectif louable, mais peu réaliste. « Ce n’est pas évident de fermer la population au reste du monde. Ça fonctionnait quand on pensait que la pandémie allait durer six mois, mais on est rendu à deux ans », dit-elle.

Selon la spécialiste, il est primordial de prendre des mesures draconiennes, mais il faut également un plan de sortie de la pandémie. « Et je ne vois pas comment la Chine va y arriver », conclut-elle.

Une hausse répandue

D’autres pays, comme la France, font face à une hausse du nombre de cas. Le pays enregistre actuellement une moyenne quotidienne de plus de 65 000 infections, contre 50 646 la semaine dernière.

Le Collège des médecins du Québec a rappelé lundi l’importance d’être « très vigilant » à la lumière de la « résurgence importante des cas à l’international ». « Protégeons-nous et pensons aux plus vulnérables », a-t-il indiqué sur Twitter.

La pandémie a fait officiellement plus de 6 041 660 morts dans le monde depuis la fin du mois de décembre 2019. Les États-Unis sont le pays ayant enregistré le plus de morts (967 552), devant le Brésil (655 078), l’Inde (515 877) et la Russie (361 344), selon le plus récent bilan de l’Agence France-Presse.

De son côté, l’Organisation mondiale de la santé estime que le bilan de la pandémie pourrait être deux ou trois fois plus élevé que celui qui est officiellement établi.

Avec l’Agence France-Presse