(Pékin) Missiles balistiques, robots désinfecteurs ou encore échantillons lunaires : à Pékin, une exposition dithyrambique du Parti communiste retrace dix ans de réussites sous la Chine de Xi Jinping, en passe de rempiler pour un troisième mandat inédit.

Au pouvoir depuis 2012, le président chinois devrait, sauf coup de théâtre, être reconduit à la tête du plus grand parti du monde, et donc du pays, lors du 20e congrès du PCC qui s’ouvre dimanche.

À quatre jours de ce rendez-vous crucial du calendrier politique chinois, un bon millier de curieux s’attardaient mercredi sur les grandes réalisations de la « nouvelle ère » de Xi Jinping.

Dans cette exposition, les portraits de l’homme fort de Pékin sont incontournables, infatigable pour remettre un prix, saluer un bébé ou prendre la pause avec les ethnies.

« La Pensée de Xi Jinping guide la construction économique de notre pays vers des réalisations héroïques », affiche crânement un slogan.

Devant le Palais des expositions à l’architecture soviétique, des visiteurs prennent des selfies devant un drone de combat furtif ou l’immense DF-41 (Vent d’Est-41), la crème de la crème des missiles balistiques intercontinentaux chinois.

Mis au point en pleines tensions avec le grand rival américain, ce bijou technologique aurait le potentiel de toucher tout point du territoire des États-Unis grâce à ses 14 000 km de portée.  

L’exposition passe en revue les réussites du parti dans la vie quotidienne des Chinois, ainsi que ses prouesses technologiques. À l’image d’échantillons lunaires, ramenés par la Chine après une mission inédite en plus de quarante ans.

« Grandiose »

« C’est vraiment grandiose », s’enthousiasme Wen, une fonctionnaire qui n’a pas souhaité donner son nom complet à l’AFP.  

« En tant que Chinoise je me sens fière », précise cette femme venue à l’exposition avec des collègues.

La Chine avait lancé en 2020 sa sonde Chang’e 5 (qui tire son nom de Chang’e, une déesse de la Lune dans la mythologie chinoise). L’appareil s’était alors posé sur l’astre lunaire dans une zone encore jamais explorée.  

Des mannequins en combinaison intégrale, des flacons de vaccins produits en Chine et un robot pulvérisateur de désinfectant mettent à l’honneur la politique zéro COVID-19, chère au président Xi en dépit de conséquences désastreuses sur l’économie.  

L’exposition fait en revanche l’impasse sur certaines décisions de Xi Jinping qui ont valu à son pays de s’attirer les foudres des Occidentaux.

Point de répression des manifestations pro-démocratie à Hong Kong ou de « centres de formation » du Xinjiang, soupçonnés de servir à interner la minorité musulmane ouïghoure.

En lieu et place : une maquette souligne l’intégration de Hong Kong, territoire semi-autonome, aux villes chinoises voisines. Des livres de Xi Jinping en ouïghour sont par ailleurs exposés au milieu d’autres langues ethniques.

L’exposition s’inscrit dans le cadre de la vaste campagne de propagande autour du congrès.  

Ces dernières semaines, banderoles rouges, slogans idéologiques associés à Xi Jinping et autres décorations florales pullulent autour des principales artères de Pékin.