(Karachi) La prix Nobel de la paix pakistanaise Malala Yousafzai s’est rendue mercredi auprès de femmes rescapées des récentes inondations au Pakistan, pour son deuxième voyage dans son pays depuis l’attentat taliban qui a failli lui coûter la vie en 2012.

Malala, 25 ans, a visité des camps dans la province rurale de Sind (sud-est) où elle a rencontré des femmes ayant fui leurs villages inondés qu’elle a qualifiées de « très courageuses », selon ses propos cités dans un communiqué des autorités provinciales.

Face à « l’ampleur des destructions », les « dirigeants internationaux doivent agir, accélérer leur réponse et mobiliser les fonds nécessaires pour aider le Pakistan à reconstruire et à soutenir les populations touchées », a-t-elle ajouté dans un communiqué de son organisation, le Fonds Malala.  

Elle a également exprimé son inquiétude sur la situation de l’éducation, alors que plus de trois millions d’enfants connaissent des problèmes pour se rendre en classe et 12 000 écoles ont été endommagées à la suite des inondations catastrophiques qui ont touché un tiers du territoire pakistanais cet été pendant la mousson.

Dans les centaines de camps de fortune installés dans le pays, où vivent les rescapés, les autorités font face à une crise sanitaire avec l’augmentation de la malaria, de la dengue et de la malnutrition.

Les inondations ont fait huit millions de déplacés et 28 milliards de dollars de dégâts.

Malala avait 15 ans quand, le 9 octobre 2012, des membres du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), ont fait irruption dans le car la ramenant de l’école et lui ont tiré une balle dans la tête pour avoir osé faire campagne en faveur de la scolarisation des filles dans sa vallée de Swat (nord-ouest).

Soignée en urgence en Grande-Bretagne, elle est devenue un symbole mondial de résistance à l’extrémisme religieux et la porte-voix des filles privées d’instruction, puis en 2014 la plus jeune prix Nobel de la Paix de l’histoire.

Au Pakistan, les talibans du TPP ont mené une longue insurrection qui s’est terminée par une forte répression militaire en 2014.  

Avec l’arrivée des talibans en Afghanistan, le mouvement a ressurgi dans la région. Quelque 2000 élèves et leurs professeurs ont manifesté mardi à Mingora, la ville où Malala a grandi, après l’attaque lundi d’un car scolaire qui a fait un mort, le chauffeur, et un élève blessé.