La Nouvelle-Zélande a adopté mardi une vaste législation visant à empêcher les mineurs de devenir fumeurs, notamment en interdisant à vie la vente de cigarettes à toute personne née après 2008.

En vertu de ces nouvelles lois, qui entreront en vigueur l’année prochaine, l’âge légal pour fumer, fixé à 18 ans, sera relevé d’année en année jusqu’à ce qu’il s’applique à l’ensemble de la population. À partir de 2023, les jeunes de moins de 15 ans n’auront plus le droit d’acheter des cigarettes pour le restant de leurs jours.

Cette législation est le résultat de plus d’une décennie de campagnes de santé publique. En 2011, la Nouvelle-Zélande a annoncé pour la première fois son intention de réduire le taux de tabagisme à moins de 5 % de la population d’ici 2025, un objectif qui s’étend à tous les groupes ethniques, y compris les Maoris et les citoyens des îles du Pacifique. Au fil des ans, le prix des cigarettes a été augmenté pour devenir l’un des plus élevés au monde, un paquet de cigarettes coûtant environ 20 $.

Grâce à ces mesures, le tabagisme a globalement diminué. Le taux national de tabagisme chez les adultes a diminué de moitié au cours de la dernière décennie. Seule 8 % de la population adulte néo-zélandaise fumait chaque jour en 2022, selon les statistiques gouvernementales.

Cette législation accélère les progrès vers un avenir sans tabac. Des milliers de personnes vont vivre plus longtemps et en meilleure santé.

Ayesha Verrall, ministre associée de la Santé de la Nouvelle-Zélande

D’ici la fin de l’année prochaine, 90 % des 6000 détaillants de tabac du pays auront perdu leur permis. Les niveaux de nicotine dans les produits du tabac et les produits de vapotage doivent être considérablement réduits en vertu des nouvelles lois, ce qui les rend moins addictifs. Les contrevenants aux nouvelles règles sont passibles d’une amende pouvant atteindre 150 000 dollars néo-zélandais, soit environ 134 000 $CAN.

Les communautés maories

Les défenseurs de la lutte contre le tabagisme ont souligné la nécessité d’impliquer les communautés maories et des îles du Pacifique, qui ont été initiées au tabac après que les colons européens, à la fin du XVIIIsiècle, ont utilisé cette substance addictive pour échanger des biens. Selon les statistiques gouvernementales, environ un quart des adultes maoris fumaient tous les jours, dès l’âge de 14 ans. Ils souffraient également plus souvent de maladies liées au tabagisme, par rapport à d’autres groupes ethniques.

Catherine Manning, responsable du Takiri Mai te Ata Regional Stop Smoking Service, a déclaré que les communautés indigènes devraient être engagées et soutenues dans les programmes qui peuvent les aider à arrêter de fumer.

« Ce sont nos whānau, hapū et iwi qui ont assumé de manière disproportionnée le fardeau de cette substance destructrice », a-t-elle déclaré dans un communiqué publié par la Health Coalition Aotearoa, en utilisant les mots maoris pour désigner la famille élargie, le clan et la nation.

Les communautés ont besoin de ressources adéquates pour aider les gens à arrêter de fumer, poursuit la déclaration.

Bénéfique au marché noir ?

Les nouvelles lois ont été critiquées par les législateurs d’extrême droite, qui ont fait valoir que l’interdiction alimenterait un marché noir et aurait un impact sur le gagne-pain des propriétaires de magasins de proximité qui vendent des cigarettes.

« Cela va faire grimper le commerce du tabac à forte teneur en nicotine sur le marché noir, poussant les personnes dépendantes des cigarettes à se tourner vers le crime pour nourrir leur habitude », a écrit Brooke van Velden, chef adjoint du parti ACT, dans un communiqué mardi. « Les gangs vont se frotter les mains avec jubilation. »

Le gouvernement avait précédemment reconnu que, malgré les avantages pour la santé publique, la nouvelle législation pourrait contribuer à l’augmentation de la contrebande par les groupes du crime organisé. Les experts ont déclaré que les importations dans le pays pourraient être examinées plus attentivement comme solution.

La Nouvelle-Zélande n’est pas le premier pays à introduire des lois destinées à réduire considérablement le tabagisme. En 2004, l’Irlande a été la première à interdire de fumer à l’intérieur des pubs, sur les lieux de travail et dans les transports publics, ce qui a incité des dizaines de pays – dont le Brésil, la Norvège et l’Ouganda – à adopter des lois similaires. Le Bhoutan a totalement interdit la vente de cigarettes en 2005, mais est revenu sur cette restriction en 2020, lorsque les autorités ont craint que les trafiquants n’alimentent les épidémies de coronavirus.

Cet article a été initialement publié dans le New York Times.

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