Le cyclone Biparjoy s’est affaibli tôt vendredi en se déplaçant vers le nord après avoir frappé la côte indienne, accompagné de vents violents et de vagues impressionnantes sur les rivages de l’Inde et du Pakistan, et provoqué des évacuations.

Les météorologues indiens avaient averti que Biparjoy, qui signifie « désastre » en bengali, allaient probablement détruire des logements et endommager des lignes électriques en traversant l’État du Gujarat, dans l’ouest du pays.  

La « très forte tempête cyclonique » a franchi la côte près du port de Jakhau (ouest) jeudi soir, avant de commencer à perdre de sa puissance quelques heures plus tard. Tôt vendredi, le service météorologique indien prévoyait dans un bulletin des vents de 100 km/h avec des rafales pouvant atteindre 110 km/h.

« Elle doit se déplacer vers le nord-est et s’affaiblir pour devenir une tempête cyclonique » tôt vendredi, ont prévu les météorologues, qui avaient précédemment indiqué que le phénomène météorologique devait se mouvoir vers la province du Sindh, au Pakistan, où se trouve la grande ville portuaire de Karachi.

Plus de 175 000 personnes ont été préventivement déplacées de la zone que devait traverser Biparjoy selon les prévisions, face aux risques d’inondations et de « destruction totale » anticipée de certains édifices.

Jayantha Bhai, un commerçant de 35 ans de la ville balnéaire indienne de Mandvi, avait confié à l’AFP ses craintes pour la sécurité de sa famille, jeudi matin, avant l’arrivée du cyclone.

« C’est la première fois que je suis confronté à un cyclone », avait déclaré ce père de trois garçons âgés de huit à quinze ans, qui avait prévu de se cloîtrer dans sa petite maison en béton adossée à son échoppe.

« C’est la nature, nous ne pouvons pas nous battre contre elle », admettait-il sous une pluie battante. Dans l’après-midi, les routes les plus basses avaient commencé à être inondées à Mandvi, où presque tous les magasins avaient fermé leurs portes.

Habitations désertées

En Inde, le gouvernement du Gujarat a déclaré que 94 000 personnes avaient quitté les zones côtières et basses pour s’abriter ailleurs.

Au Pakistan, la ministre du Changement climatique, Sherry Rehman, a annoncé que 82 000 personnes avaient été évacuées des zones côtières du sud-est.

Dans le village de pêcheurs de Zero Point, tout près de la frontière avec l’Inde, les quelques centaines d’habitations au toit de chaume ont presque toutes été désertées et seuls chats et chiens sauvages peuplent encore cette localité, où une centaine de bateaux de pêche sont ancrés le long d’une jetée.

PHOTO RIZWAN TABASSUM, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les quelques centaines d’habitations au toit de chaume ont presque toutes été désertées et seuls chats et chiens sauvages peuplent encore cette localité, où une centaine de bateaux de pêche sont ancrés le long d’une jetée.

« Nous avons peur de ce qui se prépare », avait confié à l’AFP Jaffer Ali, 20 ans, avant l’arrivée du cyclone.

Mercredi, Mme Rehman avait dit à la presse qu’il s’agissait d’un cyclone « comme le Pakistan n’en a jamais connu ».

De nombreuses zones touchées sont celles qui avaient été inondées pendant la mousson catastrophique de l’année dernière.  

Celle-ci avait plongé un tiers du Pakistan sous l’eau, endommageant deux millions de maisons et provoquant la mort de plus de 1700 personnes.  

« Tout est le résultat du changement climatique », a estimé Mme Rehman.

« Nous sommes terrifiés »

Les autorités s’attendaient à ce que les vagues puissent atteindre une hauteur de quatre mètres, risquant d’inonder une partie de la mégapole de Karachi, qui abrite environ 20 millions d’habitants.

Mercredi soir, à une courte distance du port indien de Jakhau, environ 200 personnes du district de Kutch se sont regroupées dans un petit centre de santé de plain-pied. Ici, nombreux sont ceux qui s’inquiétaient pour le bétail laissé derrière eux dans leurs fermes.

Dhal Jetheeben Ladhaji, un pharmacien, a affirmé qu’une dizaine d’hommes étaient restés sur place pour s’occuper de centaines d’animaux indispensables à la subsistance de la communauté.

« Nous sommes terrifiés, nous ne savons pas ce qui va se passer ensuite », s’est épanché auprès de l’AFP M. Ladhaji, 40 ans.

Les cyclones sont fréquents dans cette région de l’océan Indien, où vivent des dizaines de millions de personnes. Mais les scientifiques expliquent que ces phénomènes gagnent en puissance en raison du réchauffement climatique.

L’un d’entre eux, le climatologue à l’Institut indien de météorologie tropicale Roxy Mathew Koll, a déclaré à l’AFP que les cyclones puisaient leur énergie dans les eaux chaudes et que les températures de surface dans la mer d’Arabie, aussi appelée mer d’Oman, étaient d’1,2 à 1,4 degré Celsius plus élevées qu’il y a quatre décennies.

« Le réchauffement rapide de la mer d’Oman, associé au réchauffement climatique, a tendance à augmenter le flux de chaleur de l’océan vers l’atmosphère et à favoriser des cyclones plus intenses », a-t-il résumé.