(Séoul) Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou a qualifié mercredi la Corée du Nord de « partenaire important » pour Moscou, en pleine crise avec les pays occidentaux, à l’occasion de sa venue pour les célébrations de la fin des combats entre les deux Corées.

Des dignitaires chinois sont également attendus, alors que la Corée du Nord a tiré deux missiles balistiques, selon la Corée du Sud, en pleine tension entre d’un côté les États-Unis et les occidentaux qui soutiennent Séoul, et de l’autre la Chine et la Russie qui appuient Pyongyang.

« La RPDC (République populaire et démocratique de Corée, le nom officiel de la Corée du Nord, NDLR) est un partenaire important de la Russie, avec lequel nous sommes liés par une frontière commune et une riche histoire de coopération », a déclaré M. Choïgou, cité dans un communiqué de son ministère.

Autour d’une table, le responsable russe, en tenue militaire, a aussi dit à son homologue nord-coréen vouloir « renforcer la coopération » de défense entre la Russie et la Corée du Nord, un « État ami ».

Les Nord-Coréens ont exprimé leur « soutien total » à l’armée et au peuple russes « qui luttent pour défendre les droits souverains, le développement et les intérêts de leur pays », a affirmé l’agence centrale de presse coréenne KCNA, en référence à la guerre en Ukraine. La Russie, alliée historique de Pyongyang, est l’un des rares pays à entretenir des relations amicales avec le Nord.

M. Choïgou doit assister jeudi aux célébrations pour les 70 ans de la fin des combats de la guerre de Corée (1950-1953) par la signature de l’armistice du 27 juillet 1953.  

Tapis rouge

La Corée du Nord lui a déroulé le tapis rouge pour son arrivée plus tôt à l’aéroport de Pyongyang. Il a été reçu par Kang Sun Nam, puis a déposé des fleurs au pied du Monument à la victoire de la guerre de libération, selon des images diffusées par le ministère russe de la Défense.

Pékin a confirmé qu’une délégation chinoise dirigée par Li Hongzhong, un membre du Bureau politique du Parti communiste, se rendrait en Corée du Nord pour assister à l’évènement. Ce sera la première visite connue d’une délégation étrangère depuis la fermeture, début 2020, des frontières de Corée du Nord en raison de la pandémie de COVID-19.  

Les relations entre les deux Corées sont actuellement au plus bas, la diplomatie est au point mort, Kim Jong-un appelant à une accélération de la course aux armements, y compris des armes nucléaires tactiques.

En réponse, Séoul et Washington ont fait des manœuvres militaires communes, s’attirant la colère de Pyongyang.

Dans ce contexte, l’armée sud-coréenne a affirmé avoir « détecté deux missiles balistiques tirés par la Corée du Nord de zones proches de Pyongyang vers la mer de l’Est (également appelée mer du Japon) à 23 h 55 le 24 et à minuit le 25 » juillet.

Les deux engins ont parcouru quelque 400 km avant de tomber en mer, selon le ministère de la Défense de Corée du Sud cité par les agences de presse sud-coréenne Yonhap et japonaise Kyodo.

La Maison-Blanche a condamné ces nouveaux « tirs de missiles balistiques ».

Les essais « constituent une menace pour les voisins de la RPDC et la communauté internationale », a déclaré Karine Jean-Pierre, la porte-parole de la Maison-Blanche.  

« Notre engagement en faveur de la défense de la République de Corée (Corée du Sud, NDLR) et du Japon reste inébranlable », a-t-elle ajouté.

Auparavant, Tokyo avait annoncé un premier tir et précisé que le projectile était tombé en mer, à l’extérieur de la zone économique exclusive (ZEE) du Japon, selon la chaîne de télévision publique NHK, citant des responsables gouvernementaux.

Pyongyang effectue régulièrement des essais de missiles. Samedi, « plusieurs missiles de croisière » avaient été tirés en mer Jaune, entre la péninsule coréenne et la Chine.

Un sous-marin nucléaire américain a fait escale la semaine dernière en Corée du Sud et Pyongyang a averti que cette action pouvait « tomber sous le coup des conditions d’utilisation » de ses propres armes atomiques.

Séoul a répondu à ces menaces en réaffirmant que toute attaque de ce type déclencherait une riposte entraînant la « fin » du régime de Kim Jong-un.

Et un deuxième sous-marin américain, l’USS Annapolis à propulsion nucléaire, est arrivé sur une base navale sud-coréenne à peu près au moment des nouveaux essais nord-coréens, selon Yonhap.

À la mi-juillet, Kim Jong-un avait personnellement supervisé le tir du tout nouveau missile balistique intercontinental nord-coréen, le Hwasong-18 à combustible solide.

Par ailleurs, le soldat américain Travis King serait actuellement détenu en Corée du Nord après y être entré illégalement le 18 juillet.  

Des « discussions » le concernant ont débuté avec Pyongyang « via le mécanisme d’armistice », selon le chef adjoint du commandement des Nations unies, le général Andrew Harrison.

Depuis la guerre de 1950-1953, conclue par un armistice à défaut d’un traité de paix, les deux Corées sont toujours officiellement en guerre.