(Sydney) Les États-Unis s’appuieront sur des pays alliés plutôt que sur un accroissement majeur de leurs propres forces armées pour contrer toute éventuelle menace militaire chinoise dans le Pacifique, a déclaré dans un entretien avec l’AFP le général américain Joseph Ryan.  

Pékin bénéficie d’avantages « très clairs » dans la région, a souligné cet officier supérieur qui commande la 25e division d’infanterie, forte de 12 000 hommes, à Oahu, à Hawaii.  

Il a mentionné le développement des capacités de défense de la Chine, notamment en matière de missiles de longue portée, et la facilité avec laquelle elle peut positionner des troupes et des équipements dans le Pacifique.  

En revanche, en cas de conflit, les États-Unis et leurs alliés devraient traverser les eaux internationales ou les territoires de plusieurs nations, requérant leur autorisation ainsi que d’importants moyens de transport aérien, terrestre et maritime.  

« Je ne vois pas d’expansion majeure de la présence militaire américaine dans la région », a commenté le général Ryan qui se trouvait à Darwin, en Australie, ce week-end pour les manœuvres militaires multinationales Talisman Sabre.  

Des tensions entre Pékin et Washington ont éclaté ces dernières années au sujet de Taïwan que la Chine considère comme faisant partie de son territoire, des revendications chinoises contestées sur une partie de la mer de Chine méridionale et en raison de la lutte d’influence en cours dans le Pacifique Sud.

La course à l’« hégémonie »

Le général Ryan a estimé que la question de Taïwan, une île que le gouvernement chinois ambitionne de « récupérer », par la force si nécessaire, n’était peut-être que « le premier problème d’une campagne plus large » de la Chine pour « au minimum, devenir une puissance régionale hégémonique en Asie du Sud-Est et certainement pour parfaire ses aspirations mondiales ».  

Selon le département américain de la Défense, ce géant asiatique possède la plus grande marine de guerre du monde, la troisième force aérienne et, dans une certaine mesure, la plus grande armée.  

Évoquant les relations des États-Unis avec les îles Salomon, qui ont signé l’année dernière un pacte de défense secret avec Pékin et qu’il a récemment visitées, le général Ryan les a qualifiées de « compliquées ».

Et ce malgré une histoire commune remontant à la Seconde Guerre mondiale lorsque les Alliés ont combattu les Japonais à Guadalcanal, qui se trouve dans cet archipel.

Il a dit comprendre pourquoi les îles Salomon pouvaient être « frustrées » dans leurs rapports avec les États-Unis.  

« J’ai été frappé par le manque de développement là-bas, donc je ne suis pas surpris que nos relations avec les Salomon restent compliquées aujourd’hui, parce que nous y étions, nous nous sommes battus là-bas et que, maintenant, il y a des défis là-bas et nous n’y sommes pas retournés ».

Les États-Unis ont rouvert leur ambassade dans cet archipel en février après une parenthèse de 30 années. Trois mois plus tard, ils en inauguraient une aux Tonga. Des ambassades américaines sont également prévues au Vanuatu et à Kiribati, toujours dans le Pacifique.

Agir dans leur « intérêt »

La Chine a également « tout à fait le droit » d’opérer dans la région, « tant que tout le monde obéit au même ensemble de normes internationales qui ont été établies » après la Seconde Guerre mondiale, a poursuivi le général Ryan.

« Mais elle a montré une propension directe à ne pas le faire – un affront (fait) à nombre de nos alliés et de nos partenaires dans la région », a-t-il martelé.

La stratégie des États-Unis dans la zone indo-pacifique, rendue publique l’année dernière, donne la priorité aux alliances et non à un engagement direct.  

Le général Ryan a toutefois affirmé que son pays n’appelait pas les États de la région à choisir entre Washington et Pékin.  

« Nous leur demandons simplement d’agir dans leur plus grand intérêt et de considérer que les États-Unis veulent être leurs partenaires et que d’autres nations libres et indépendantes qui attachent de la valeur à leur souveraineté dans la région-comme l’Australie et la Nouvelle-Zélande-veulent être leurs partenaires », a-t-il déclaré.