(New Delhi) Le principal chef de l’opposition indienne, Rahul Gandhi, a été réintégré au parlement lundi, la Cour suprême du pays ayant suspendu la semaine dernière sa condamnation pour diffamation liée à ses commentaires politiques sur le premier ministre Narendra Modi.

La disqualification de M. Gandhi, qui durait depuis mars, « a cessé d’opérer sous réserve de nouvelles décisions judiciaires », a déclaré Utpal Kumar Singh, secrétaire général de la chambre basse du Parlement, dans un communiqué.

Le chef du parti du Congrès, âgé de 53 ans, avait été condamné le 23 mars à deux ans de prison pour diffamation envers Narendra Modi, pour des propos tenus lors d’une campagne électorale en 2019. Il avait alors déclaré que « tous les voleurs ont Modi comme nom de famille ».

Le président du Congrès, Mallikarjun Kharge, a qualifié de « mesure bienvenue » la décision de le réintégrer au Parlement et a appelé le gouvernement à se concentrer sur « la gouvernance plutôt que de dénigrer la démocratie en s’en prenant aux dirigeants de l’opposition ».

La condamnation le rendait inéligible, ne lui permettant pas de siéger au Parlement et de participer aux élections générales de 2024, dont le parti au pouvoir Bharatiya Janata Party ( BJP ) de M. Modi est donné largement vainqueur.

« Énorme soulagement »

Shashi Tharoor, député du parti du Congrès, a accueilli l’annonce de la réintégration de Rahul Gandhi « avec un énorme soulagement ».  

« Il peut maintenant reprendre ses fonctions au Lok Sabha ( chambre basse du Parlement ) pour servir le peuple indien et ses électeurs [ … ]. C’est une victoire de la justice et de notre démocratie », a-t-il déclaré.

De nombreux dirigeants du Congrès ont posté des vidéos et des messages saluant l’ordonnance de lundi, et M. Kharge a offert des bonbons aux dirigeants de l’opposition.  

Les partisans de M. Gandhi se sont rassemblés devant le siège du Congrès à New Delhi, criant des slogans de soutien, en dansant et brandissant des drapeaux au son de tambours.  

M. Gandhi devrait rejoindre la chambre basse lundi après-midi, où il siège en tant que député de l’État méridional du Kerala.

Vendredi, la plus haute juridiction indienne a suspendu la condamnation pour diffamation de M. Gandhi et a déclaré que le procès initial n’avait pas justifié l’imposition de la peine maximale pour les propos qu’il avait tenus lors d’un rassemblement de campagne il y a quatre ans.

PHOTO ARUN SANKAR, AGENCE FRANCE-PRESSE

Vendredi, la plus haute juridiction indienne a suspendu la condamnation pour diffamation de M. Gandhi.

« L’ordonnance de condamnation doit être suspendue dans l’attente d’une décision finale », a déclaré le juge B. R. Gavai dans sa décision.

Le gouvernement de M. Modi, qui occupe ses fonctions depuis neuf ans, est régulièrement accusé d’utiliser la justice pour cibler et museler ses détracteurs.

Rahul Gandhi fait d’ailleurs l’objet de deux autres procédures pour diffamation et est également mis en cause dans un dossier de blanchiment présumé d’argent, dont il conteste le bien-fondé.

Les partisans de M. Gandhi attribuent sa condamnation et la perte de son siège au Parlement à ses appels en faveur d’une enquête sur les liens entre M. Modi et le magnat Gautam Adani, tous deux originaires du Gujarat.

Le parti du Congrès accuse M. Modi d’avoir encouragé la rapide ascension de ce milliardaire et de lui avoir permis de remporter injustement des contrats et d’éviter un contrôle approprié.

Le Congrès était autrefois la force dominante de la politique indienne, mais M. Gandhi, considéré comme un prince déconnecté des préoccupations des Indiens ordinaires, a perdu deux élections face à M. Modi et son parti nationaliste hindou.

Le parti du Congrès, affaibli, a tenté de former une grande coalition avec des partis d’opposition régionaux disparates dans la perspective des élections nationales de 2024, afin de défier M. Modi, qui espère remporter son troisième mandat consécutif.  

Figure de proue du parti du Congrès, Rahul Gandhi est descendant de la première dynastie politique indienne. Il est le fils de Rajiv ( et Sonia ) Gandhi, petit-fils d’Indira Gandhi et arrière-petit-fils du dirigeant indépendantiste Jawaharlal Nehru, tous anciens premiers ministres. Il n’a pas de lien de parenté avec le Mahatma Gandhi.