(Lahore) Quatre-vingt-sept domiciles de chrétiens et 19 églises ont été vandalisés cette semaine dans une ville du Pendjab pakistanais, lors d’émeutes liées à des accusations de blasphème, a indiqué la police vendredi à l’AFP.

« Les évènements qui se sont déroulés sont tragiques. Une telle violence ne peut jamais être justifiée », a déclaré Usman Anwar, le chef de la police provinciale de l’État du Pendjab, dans l’est du Pakistan.

Des centaines de personnes de confession musulmane, armées de bâtons et de pierres, ont déferlé mercredi dans les ruelles du quartier chrétien de Jaranwala, dans la banlieue de la ville industrielle de Faisalabad, poussant les chrétiens à la fuite.

PHOTO MUHAMMAD TAHIR, REUTERS

Un policier passe devant les biens d’habitants d’une rue d’un quartier chrétien, au lendemain du vandalisme causé par des manifestants à Jaranwala, le 17 août.

L’attaque a été perpétrée après qu’un groupe de fanatiques religieux eut accusé une famille d’avoir profané le Coran.

La question du blasphème est particulièrement sensible au Pakistan, où même des allégations non prouvées d’offense à l’islam peuvent entraîner assassinats et lynchages.

M. Anwar a indiqué avoir personnellement interrogé deux frères chrétiens accusés d’avoir profané le Coran.

Selon la police, 128 autres personnes ont été arrêtées à la suite des violences, sur lesquelles le gouvernement provincial a annoncé jeudi l’ouverture d’une enquête.

Églises sous protection policière

Vendredi, 3200 églises étaient gardées par la police dans tout le Pendjab pour rassurer la communauté chrétienne, a déclaré M. Anwar, en précisant qu’il se rendrait à Jaranwala dimanche pour témoigner de sa solidarité vis-à-vis des chrétiens.

Le gouvernement et les chefs religieux ont appelé au calme.

Des groupes chrétiens ont organisé un certain nombre de petites manifestations à travers le pays pour réclamer une plus grande protection.  

« Avec cette manifestation, nous espérons que le gouvernement se rende compte que cette question doit être traitée sévèrement et que les auteurs de destructions doivent être traduits en justice », a déclaré à l’AFP l’archevêque de Karachi Benny Travis, lors d’un petit rassemblement.

Le ministre en chef par intérim du Pendjab Mohsin Naqvi a exprimé sa solidarité avec les chrétiens, ajoutant qu’ils seraient indemnisés pour leurs pertes.

Les chrétiens, qui représentent environ 2 % de la population, occupent l’un des échelons les plus bas de la société pakistanaise et sont fréquemment la cible d’allégations de blasphème fallacieuses et infondées.

La Commission indépendante des droits de l’homme au Pakistan a plusieurs fois souligné que les lois sur le blasphème étaient utilisées comme des armes pour cibler les minorités religieuses et régler des vendettas personnelles. Et, selon elle, ces incidents violents sont en augmentation constante depuis plusieurs années.