(Dacca) Plus de 100 000 sympathisants des deux principaux partis d’opposition du Bangladesh se sont rassemblés samedi à Dacca, selon la police, pour réclamer la démission de la première ministre Sheikh Hasina afin de laisser place à un gouvernement neutre pour superviser les élections.  

Ces rassemblements du principal parti d’opposition, le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), et du plus grand parti islamiste, le Jamaat-e-Islami, sont les plus importants depuis le début de l’année, ont constaté des journalistes de l’AFP.  

Cette journée marque une nouvelle phase dans les protestations avant des élections générales prévues avant fin janvier.

Sheikh Hasina, fille du premier président du pays, est au pouvoir depuis quinze ans et a vu son pays connaître une croissance économique rapide qui lui a permis de dépasser l’Inde voisine en termes de Produit intérieur brut (PIB) par habitant, mais son gouvernement est accusé de corruption et de violations des droits de l’homme.

PHOTO MUNIR UZ ZAMAN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Depuis des mois, l’opposition renaissante organise des manifestations pour faire valoir ses revendications, bien que la dirigeante malade du BNP, Khaleda Zia, deux fois première ministre et vieille ennemie de Mme Hasina, soit assignée à résidence après avoir été condamnée pour corruption.  

Ses partisans ont afflué samedi à Dacca, s’entassant dans des bus malgré les barrages de contrôle sur la route menant à la capitale, et sont même montés à bord de trains bondés.  

« Voleuse de votes, voleuse de votes, Sheikh Hasina voleuse de votes », scandait la foule lors de la manifestation du BNP devant le siège du parti.  

« Nous demandons la démission immédiate du gouvernement Hasina, la libération de notre dirigeante Khaleda Zia et l’instauration d’un véritable droit de vote », a expliqué Sekandar Badsha, militant étudiant âgé de 24 ans venu de Chittagong (Sud).

Au moins 10 000 policiers avaient été déployés, ont indiqué les autorités, mais ils se sont heurtés à des centaines de manifestants dans le quartier de Kakrail, devant la plus grande église catholique de la ville, et ont tiré des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc.  

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« Certains policiers ont été blessés », a déclaré à l’AFP le commissaire de police adjoint Akterul Islam. Le porte-parole de la police métropolitaine de Dacca, Faruk Hossain, a estimé qu’au moins 100 000 personnes avaient rejoint le rassemblement du BNP, tandis que jusqu’à 25 000 personnes participaient à la manifestation du Jamaat près du principal quartier commercial de la ville.

Selon le porte-parole du BNP, Zahir Uddin Swapan, plus d’un million de personnes se sont rassemblées.

Il a qualifié ces rassemblements de « dernier appel » à la démission de Mme Hasina et affirmé qu’au moins 2900 de ses militants et sympathisants avaient auparavant été arrêtés cette semaine.  

Ces manifestations avaient été interdites et des centaines de policiers ont bloqué un carrefour important, mais environ 3000 manifestants ont franchi le cordon, a constaté un correspondant de l’AFP sur place.  

La police a arrêté près du siège du parti au moins 200 partisans du BNP accusés d’avoir lancé des cocktails Molotov, selon M. Faruk, ajoutant qu’au moins 600 personnes ont été interpellées la semaine dernière.  

En cas de non-démission de Mme Hasina, le parti a menacé d’appeler à des grèves et des blocages.  

Les forces de sécurité sont accusées de détenir des dizaines de milliers de militants de l’opposition, d’avoir abattu ou fait disparaître des centaines de dirigeants et sympathisants.  

Plusieurs gouvernements occidentaux ainsi que des groupes de défense des droits de la personne ont exprimé leur inquiétude quant au climat politique régnant dans le pays.