(Teknaf) La police est intervenue au Bangladesh pour empêcher des départs de réfugiés rohingya par la mer vers l’Indonésie, un phénomène en pleine recrudescence, ont annoncé samedi des responsables policiers.

L’Indonésie a pour sa part renforcé ses patrouilles en mer dans la région d’Aceh (Ouest), pour empêcher l’arrivée de nouveaux bateaux de réfugiés rohingya.

Plus d’un millier de réfugiés rohingya sont arrivés dans la province d’Aceh depuis le 14 novembre après un voyage de quelque 1800 km. Il s’agit du nombre le plus élevé d’arrivées depuis 2017.

Au Bangladesh, des réfugiés rohingya ont dit à l’AFP avoir payé à des passeurs mille dollars (environ 915 euros) la place sur un bateau.

Le Bangladesh accueille environ un million de Rohingyas, minorité majoritairement musulmane de Birmanie, dont quelque 750 000 ayant fui en 2017 une campagne de répression militaire qui fait l’objet d’une enquête pour « actes de génocide » devant la Cour internationale de justice (CIJ).

Leurs conditions de vie sont très difficiles, ils s’entassent dans des camps surpeuplés où l’insécurité est omniprésente.

Alors que la mer se calme après les pluies de mousson dans le golfe du Bengale, des passeurs proposent aux Rohingya d’embarquer vers la Malaisie ou l’Indonésie, ont expliqué à l’AFP des responsables policiers au Bangladesh.

Samedi, la police bangladaise a indiqué avoir « empêché de partir 58 Rohingyas » vendredi soir dont neuf hommes, 16 femmes et 33 enfants alors qu’ils quittaient les camps pour embarquer à Teknaf, port fluvial à la frontière avec la Birmanie.

« Nous avons arrêté deux passeurs présumés bangladais », a précisé le responsable de la police de Teknaf, Osman Goni. « Ils étaient prêts à partir dans un bateau depuis Teknaf pour aller en Indonésie et en Malaisie ».

En Indonésie, la police a ordonné « dans les zones côtières d’intensifier la surveillance, à la fois sur la côte et dans le détroit de Malacca, afin d’empêcher l’arrivée de Rohingya », a déclaré le chef de la police, l’AKBP, Andy Rahmansyah, dans un communiqué.

« La police patrouille 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour empêcher des réfugiés rohingya d’arriver à l’est d’Aceh », selon lui.

Des villageois ont tenté la semaine dernière de repousser vers la mer des bateaux de migrants, mais les autorités les ont finalement accueillis et transportés dans un centre d’hébergement temporaire.

Dans le nord d’Aceh, les patrouilles ont été renforcées vendredi alors que des pêcheurs ont dit avoir localisé un bateau de Rohingya à 2 milles nautiques des côtes (3,6 km), a indiqué Amirudin Ismail, chef du village de Tanoh Anoe. Depuis, le bateau n’a plus été aperçu.

Des pêcheurs ont également participé à ces patrouilles, a indiqué Naharuddin, chef des pêcheurs du district de Dewantara dans le nord d’Aceh, qui comme beaucoup d’Indonésiens ne porte qu’un seul nom.

De nombreux habitants d’Aceh ont longtemps été sensibles au sort de cette minorité musulmane. Mais certains montrent désormais de l’hostilité à leur égard.

Des experts s’inquiètent de voir l’Indonésie devenir le prochain pays à durcir le contrôle à ses frontières pour empêcher le débarquement des Rohingyas alors que les pays voisins que sont la Malaisie, la Thaïlande et l’Inde leur ont fermé leurs portes.

L’Indonésie n’est pas signataire de la Convention des Nations Unies sur les réfugiés et affirme qu’elle n’est pas obligée d’accueillir ces réfugiés.