(Tunnel de Silkyara) Au lendemain de leur difficile sauvetage du tunnel où ils ont été piégés durant 17 jours dans l’Himalaya indien, des ouvriers témoignent mercredi de la « peur » qui les a habités tout au long de cette épreuve.

Malgré les assurances des secouristes, qui ont foré sans relâche pour construire un conduit d’évacuation, « on ne savait pas si on s’en sortirait vivants », confie à l’AFP l’un d’eux, Deepak Kumar.

« On avait vraiment peur, à chaque instant on sentait que la mort était proche », ajoute le jeune homme quelques heures après avoir été extrait avec ses 40 collègues du tunnel effondré de Silkyara, dans le nord de l’Inde.

Au terme d’une interminable attente, les ouvriers ont été extirpés mardi soir à l’aide de civières tirées le long d’un tuyau de 57 mètres, dont la mise en place s’est heurtée à de multiples difficultés techniques.

« Le monde est beau à nouveau », s’est exclamé Sabah Ahmad, qui comme ses collègues a été fêté en héros au terme de cette opération qui a tenu tout le pays en haleine. Le premier ministre Narendra Modi avait fait de ce sauvetage une priorité nationale.

À l’angoisse concernant leur survie s’est ajoutée la douleur de savoir leurs proches rongés par l’inquiétude, soulignent les ouvriers secourus.

« C’était dur pour ceux à l’intérieur, et plus dur encore pour les familles à l’extérieur », résume Sabah Ahmad.

Comme ses collègues, il a pu s’entretenir avec ses proches depuis le fond du tunnel, grâce à la mise en place d’un système de communication. Il avait senti sa femme « inquiète et désespérée ».

Mais au final, « on s’en est tous sortis, et c’est la seule chose qui compte », rappelle-t-il.

« Nouvelle vie »

Les 41 ouvriers ont été héliportés mercredi vers un hôpital pour un bilan de santé complet avant de pouvoir rentrer chez eux. Les autorités ont annoncé leur verser 1200 dollars de dédommagement, une somme représentant près de six mois de salaire.

Jointe au téléphone au Bihar, région pauvre située à un millier de kilomètres des lieux de l’accident et dont Sabah Ahmad est originaire, sa femme Musarrat Jahan dit à l’AFP n’avoir « pas les mots » pour exprimer sa joie de savoir son mari hors de danger.

« Non seulement mon mari a obtenu une nouvelle vie, mais nous avons tous une nouvelle vie », exulte-t-elle.

L’ouvrage en construction dans l’État de l’Uttarakhand s’est effondré le 12 novembre alors que les 41 ouvriers y travaillaient, sans faire de victime.

Pour Subodh Kumar Verma, les premières 24 heures ont été les plus éprouvantes, les ouvriers ayant alors vécu dans la crainte de mourir asphyxiés ou de faim.

Ces inquiétudes ont été rapidement levées, les secouristes ayant pu acheminer oxygène, nourriture, électricité puis moyens de communication via des tuyaux.

« Quand on a reçu de la nourriture par les tuyaux, les choses ont commencé à aller mieux », indique M. Verma.

Mais le découragement a repris le dessus à mesure que s’accumulaient les contretemps.  

« Après trois ou quatre jours dans le tunnel, alors que l’équipe de secours n’arrivait pas à nous atteindre, la vérité est que notre niveau de confiance était bas », dit M. Verma.

Lui aussi a pu parler à ses proches alors qu’il était piégé. « J’ai dit à ma famille : “Je vais bien, je suis en forme, ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer, on va bientôt sortir” », raconte-t-il. « Mais tout en disant ça, par moment j’avais vraiment le sentiment que je ne les reverrais jamais ».

La libération est finalement intervenue dans la nuit de mardi à mercredi, quand les secouristes, travaillant à l’intérieur même de l’étroit conduit, ont établi la jonction. Des « chevaliers en équipement de mineurs », leur a rendu hommage le grand quotidien Times of India.