(Genève) Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme a imploré lundi les autorités du Bangladesh de renforcer « les fondements de la démocratie » dans le pays au lendemain d’une élection très controversée boycottée par l’opposition.

« J’implore le gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour garantir que les droits de l’homme de tous les Bangladais soient pleinement pris en compte et pour renforcer les fondements d’une démocratie véritablement inclusive dans le pays », a déclaré Volker Türk dans un communiqué publié à Genève, dénonçant la répression contre l’opposition qui a précédé le scrutin.

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Le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Volker Türk

« Dans les mois qui ont précédé le vote, des milliers de partisans de l’opposition ont été détenus arbitrairement ou ont été victimes d’intimidations », a rappelé M. Türk.

Environ 25 000 membres de l’opposition ont été arrêtés, dont des dirigeants de partis clés, depuis le 28 octobre, a indiqué le chef des droits de l’homme de l’ONU.  

Selon M. Türk, au moins dix partisans de l’opposition « seraient morts — ou auraient été tués — en détention au cours des deux derniers mois. »

De nombreux défenseurs des droits de l’homme ont été contraints de se cacher, et certains ont fui le pays, tandis que des dizaines de cas présumés de disparition forcée ont été signalés, pour la plupart en novembre, a-t-il rappelé.

« Ces incidents doivent faire l’objet d’une enquête indépendante et les responsables doivent être traduits devant la justice dans le cadre de procès équitables et transparents », a exigé M. Türk.

« Les violations et irrégularités survenues pendant la campagne et le jour même du scrutin devraient également faire l’objet d’enquêtes approfondies » a encore demandé le Haut-Commissaire, rappelant que la démocratie avait été conquise de haute lutte au Bangladesh et « elle ne doit pas devenir une simple façade. »

La première ministre, Sheikh Hasina, a remporté un cinquième mandat, son parti ayant obtenu plus de trois quarts des sièges au sein du Parlement, a annoncé lundi la commission électorale.

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La première ministre Sheikh Hasina est au pouvoir depuis 2009.

Sous la direction de Mme Hasina, le pays autrefois en proie à une extrême pauvreté, a connu une croissance accélérée. Mais son gouvernement a également été accusé de violations des droits de l’homme systématiques et d’une répression impitoyable de l’opposition.

Mme Hasina a affirmé que ces législatives avaient été « libres et équitables », dans une première réaction après le vote.