(Srinagar) Le premier ministre indien Narendra Modi a dit vouloir « gagner (les) cœurs » jeudi à Srinagar, la principale ville du Cachemire administrée par l’Inde, lors de sa première visite dans cette région depuis la révocation en 2019 de son autonomie constitutionnelle.  

« Je travaille dur pour gagner vos cœurs, et je continuerai à essayer de gagner vos cœurs », a déclaré le dirigeant nationaliste hindou lors d’un rassemblement public à Srinagar.

Le gouvernement de M. Modi a retiré à ce territoire, revendiqué par le Pakistan, son statut constitutionnel spécial, une mesure visant à le placer sous une tutelle plus directe de New Delhi.  

La région est désormais divisée en deux entités administratives distinctes : le Jammu-et-Cachemire, en majorité peuplée de musulmans, et le Ladakh à majorité bouddhiste.

Cette décision, largement saluée en Inde, a suscité la colère de nombreux habitants de ce territoire très militarisé.

« Le Jammu-et-Cachemire n’est pas seulement une région, c’est le joyau du pays », a déclaré M. Modi devant des milliers de personnes rassemblées dans un stade.

Le premier ministre s’est enorgueilli d’avoir changé le statut de la région, estimant que les anciennes règles et une « politique dynastique » avaient limité son potentiel.  

« Aujourd’hui, depuis le Cachemire, j’adresse mes vœux à l’ensemble du pays pour le prochain Ramadan », a encore déclaré le dirigeant hindou, à l’approche du mois de jeûne musulman, qui doit débuter dans les prochains jours.

Haute sécurité

Le Cachemire est divisé entre l’Inde et le Pakistan depuis la décolonisation britannique en 1947. Tous deux revendiquent l’intégralité de l’ancien royaume himalayen.

Plus d’un demi-million de soldats indiens y sont déployés et luttent contre des groupes rebelles qui réclament l’indépendance ou le rattachement au Pakistan.

Jeudi, les forces de sécurité ont patrouillé dans les rues, ainsi qu’à bord de bateaux à moteur le long de la rivière qui traverse Srinagar.  

M. Modi a également inauguré à distance une série de projets de développement visant à stimuler l’agroéconomie et le tourisme au Cachemire et dans d’autres régions de l’Inde.

Il a promis de nouvelles infrastructures autour du sanctuaire musulman vénéré de Hazratbal.  

Cette visite intervient avant les élections générales de mai, les premières depuis que la région a perdu son autonomie. Les dernières élections locales au Cachemire remontent à 2014.

Le gouvernement de M. Modi a affirmé que l’autorité directe de New Delhi sur le Cachemire avait ouvert une nouvelle ère de « paix et de développement » dans la région.  

Un sentiment loin d’être partagé par ses détracteurs et de nombreux habitants qui estiment que cela a entraîné une réduction drastique des libertés civiles.  

La plupart des écoles de la ville sont fermées pour la journée et les autorités ont appelé les fonctionnaires à participer au rassemblement.  

Omar Abdulla, ancien ministre du Jammu-et-Cachemire, a accusé le gouvernement d’avoir mis en place des bus afin de faire venir du monde à ce rassemblement, affirmant que « presque personne » n’y participerait de son plein gré.