Deux Ouïghours accusés d'avoir mené une attaque terroriste qui a fait 17 morts dans le nord-ouest de la Chine, au Xinjiang, en août 2008, juste avant les jeux Olympiques, ont été exécutés, a affirmé jeudi l'agence Chine Nouvelle.

Un tribunal de Kasghar, ville où s'était produite l'attaque, a annoncé leur exécution jeudi, lors d'un rassemblement public où étaient présents 4.000 responsables locaux et habitants de cet ancien comptoir sur la Route de la Soie, a précisé l'agence.

Les deux hommes exécutés, Abdurahman Azat, 33 ans, et Kurbanjan Hemit, 28 ans, appartenant à la minorité ouïghoure -- musulmane et turcophone -- avaient été condamnés à mort en décembre pour l'attentat perpétré le 4 août, quatre jours avant l'ouverture des JO de Pékin, contre un poste de police de Kashgar, dans l'extrême ouest de cette région autonome musulmane.

L'agence, citant la Cour Suprême, avait annoncé le 17 décembre que ces deux «terroristes» allaient être exécutés après avoir été reconnus coupables de meurtres, de fabrication illégale d'armes et de munitions.

Les deux hommes avaient lancé leur camion contre un groupe de 70 policiers puis les avaient attaqués à l'arme blanche et à l'explosif, faisant 17 morts et 15 blessés, avant d'être maîtrisés, selon le récit qu'en avait alors fait l'agence officielle.

Des témoins avaient à l'époque affirmé à l'AFP qu'ils étaient habillés en policiers.

Les autorités chinoises les avaient précédemment liés au Mouvement islamique du Turkestan Oriental (ETIM), une organisation classée comme terroriste par la Chine et les Nations unies, affirmant qu'ils transportaient des documents prônant «la guerre sainte».

Leur raid avait été le plus grave incident durant une période de violences au Xinjiang, liées aux jeux Olympiques, qui s'était soldée par des dizaines de morts.

Dès avant les JO, la Chine avait accusé les séparatistes musulmans de vouloir saboter cet événement sportif international et s'en servir pour promouvoir la cause de l'indépendance, alors que les projecteurs seraient braqués sur le pays.

Vaste zone frontalière de l'Asie centrale, le Xinjiang compte environ 8,3 millions de Ouïghours, dont certains groupes dénoncent la répression politique et religieuse menée par la Chine.

Dans les années 30 et 40, deux Républiques indépendantes y avaient eu une courte durée, alors que la Chine était en proie à une guerre civile et à l'agression japonaise. Mais les forces militaires de Pékin y étaient entrées après la victoire des communistes en 1949.

Le Xinjiang constitue l'une des deux zones, avec le Tibet, où Pékin redoute particulièrement l'instabilité.

L'année dernière, près de 1.300 personnes, accusées de mettre en danger la sécurité de l'Etat chinois, y ont été arrêtées, selon la presse d'Etat.

Selon un récent rapport de l'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International, l'année dernière, la Chine a exécuté 1.718 personnes, soit 72% du total mondial (2.390).