La rébellion tamoule du Sri Lanka a affirmé samedi, via un site internet qui relaie ses revendications, qu'au moins 64 civils avaient été tués dans un bombardement de l'armée contre une structure médicale dans leur dernière enclave du nord-est, mais les militaires ont nié.

Le site Tamilnet.com a indiqué que deux obus avaient été tirés contre ce petit dispensaire planté sur les cinq km2 de bande côtière qui restent aux mains des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE). Seul le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a une entrée limitée dans cette poche des insurgés et Tamilnet l'a accusé d'avoir fourni à l'armée il y a trois jours l'emplacement exact de cette structure médicale.

La Croix-Rouge à Colombo, qui ne communique plus depuis des mois, n'a fait aucun commentaire sur ce bombardement qui aurait fait aussi 87 blessés.

«Nous n'avons procédé à aucun bombardement, mais nous avons entendu de fortes explosions dans la zone et il pourrait s'agir d'une erreur de tir des Tigres», a déclaré le porte-parole des forces armées, le général Udaya Nanayakkara.

Officiellement, les militaires ont l'ordre depuis la semaine dernière de ne plus faire usage d'armes lourdes contre la zone du conflit, dans laquelle les Tigres retiennent entre 20 000 et 50 000 civils.

L'armée avait même démenti plus tôt samedi tout pilonnage sur la région au cours des deux derniers mois, malgré des images satellitaires datées, émanant de l'ONU et montrant des cratères.

Le ministère de la Défense a jugé «sans valeur scientifique», faute de vérification sur le terrain, les images de l'Unosat, un programme de l'ONU fournissant de l'imagerie satellitaire utilisée notamment dans l'assistance humanitaire ou la prévention des catastrophes.

Les images, publiées sur le site de l'Unosat, montrent des cratères datant d'une période entre le 15 févier et le 19 avril, à la veille d'un exode massif de populations civiles tamoules de la dernière poche des Tigres.

«Les images sont assez claires et datées, on peut donc les étudier et faire des comparaisons», a déclaré à la chaîne qatarie Al-Jazira Einer Bjorge, chef de l'unité de cartographie à l'Unosat. Selon lui, la disposition des cratères suggère le recours à des moyens aériens.

Les forces armées sri-lankaises s'étaient dites prêtes vendredi à donner le coup de grâce aux Tigres tamouls et à leur chef Velupillaï Prabhakaran, malgré deux semaines d'exhortations de la communauté internationale pour obtenir de Colombo un «cessez-le-feu humanitaire».

Yasushi Akashi, un émissaire du Japon --de très loin le premier bailleur de fonds au Sri Lanka-- s'est entretenu avec le président sri-lankais Mahinda Rajapakse qui lui a répété vouloir d'abord la reddition complète de la guérilla séparatiste.

D'ailleurs un parti tamoul, le Front tamoul uni de libération, a proposé que les Tigres déposent les armes auprès d'une tierce partie, telle qu'une institution internationale.

L'ONU estime que 200 000 personnes ont fui la guerre depuis janvier, dont plus de la moitié depuis le 20 avril, lorsqu'a commencé l'exode massif de Tamouls. Mais cette année, plus de 6 500 civils ont probablement déjà été tués et 14 000 blessés.