Le Sri Lanka a proclamé lundi sa victoire militaire contre les Tigres tamouls en s'emparant de leur dernière poche dans le nord-est et en tuant tous les dirigeants de la guérilla, dont son chef suprême Velupillaï Prabhakaran.

«Toutes les opérations militaires ont été stoppées grâce à la prise du dernier bout de territoire» de moins d'un kilomètre carré encore contrôlé par les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), a annoncé le chef de l'armée de terre, le général Sarath Fonseka.«A présent, le pays tout entier est libéré du terrorisme et 250 cadavres de terroristes gisent sur ce dernier bout de terre», a ajouté l'officier.

Cette annonce met fin à 37 ans de conflit séparatiste, au prix de plus de 70 000 morts et décapite le mouvement pour un Etat tamoul indépendant des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), qui avait déjà reconnu dimanche sa défaite militaire.

Lundi dans la matinée, les Tigres avaient perdu leur fondateur et commandant suprême, M. Prabhakaran, 54 ans, tué par l'armée.

Invisible depuis 18 mois, il avait tenté de s'enfuir à bord d'une ambulance en compagnie de deux lieutenants, mais il est tombé dans une embuscade tendue par les militaires et a été abattu, ont indiqué à l'AFP deux hautes sources militaires.

L'ensemble de la direction des Tigres tamouls, fondé en 1972, y compris M. Prabhakaran, a été anéanti par l'armée, a confirmé la télévision publique ITN.

Ses deux plus proches lieutenants -Pottu Amman, chef des services de renseignement et Soosai, chef de la force navale des «Tigres des mers"- ont aussi été éliminés.

M. Prabhakaran est vraisemblablement mort et le président sri-lankais Mahinda Rajapakse devrait le confirmer officiellement vers 12H30 GMT, a annoncé un porte-parole de la présidence.

Le chef de l'Etat nationaliste annoncera solennellement mardi au Parlement la fin de la guerre dans l'île de l'océan Indien.

Dans sa lutte à mort contre les Tigres, l'armée a mis au jour le cadavre du fils de M. Prabhakaran, Charles Anthony, 24 ans. Trois autres corps ont été retrouvés: ceux du chef de la vitrine politique de la rébellion, B. Nadesan, du chef du secrétariat à la paix du LTTE, S. Puleedevan, et du dirigeant S. Ramesh.

Dimanche, la guérilla la plus redoutable au monde avait annoncé avoir cessé le combat, admettant sa défaite militaire. «Nous avons décidé de faire taire nos armes (...) Cette bataille s'est achevée amèrement», avait déclaré le porte-parole du LTTE, Selvarasa Pathmanathan.

L'insurrection séparatiste contrôlait en 2006 un tiers des 65 000 km2 du Sri Lanka, dans le nord et l'est, où elle luttait pour un Etat tamoul indépendant.

La «défaite militaire des terroristes» avait déjà été annoncée samedi par le président Rajapakse, architecte depuis trois ans, avec son frère Gotabhaya au ministère de la Défense, d'une guerre à outrance.

En raison de la brutalité de son ultime coup de boutoir depuis janvier dans le nord-est - qui a probablement tué, selon l'ONU, 6500 civils - Colombo s'est mis à dos l'Occident.

Gordon Brown, Premier ministre de la Grande-Bretagne, l'ex-puissance coloniale, l'a averti de «conséquences pour ses actions». Londres est favorable à une enquête pour «crimes de guerre», visant tant l'armée que les Tigres.

Ces jours-ci, les rebelles ont accusé les militaires d'avoir massacré des milliers de civils. Colombo a rétorqué que la guérilla tirait sur ces «boucliers humains».

Dimanche, l'armée avait affirmé avoir «sauvé» la totalité des «50 000 civils otages» des rebelles dans leur enclave. Depuis des semaines, le Sri Lanka assurait que les Tigres retenaient 20 000 Tamouls.

Près de 115 000 habitants avaient déjà fui le théâtre du conflit fin avril.