La Corée du Nord semble se préparer à effectuer un tir de missile à longue portée dans un nouveau geste apparent de défi à la communauté internationale qui a condamné son essai nucléaire de la semaine dernière, ont indiqué lundi des responsables.

«Nous avons détecté des signes montrant que la Corée du Nord se prépare à tirer un missile balistique intercontinental (ICBM)», a déclaré à l'AFP un porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense.

«Les services de renseignement américain et sud-coréen analysent les informations», a-t-il ajouté, alors que l'agence sud-coréenne Yonhap a fait état d'un lancement possible dans une ou deux semaines.

Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates a confirmé lundi que Pyongyang pourrait préparer un nouveau tir de missile.

«Nous avons observé des signes indiquant qu'ils (les Nord-Coréens, ndlr) pourraient faire quelque chose avec un autre missile Taepodong, mais jusqu'ici, leurs intentions ne sont pas claires», a-t-il déclaré à Manille.

Un train a transporté durant le week-end le missile depuis une usine près de Pyongyang jusqu'au site de lancement de Dongchang-ri (côte nord-ouest sur la mer Jaune), selon des sources des services de renseignement, citées lundi par la presse sud-coréenne.

Selon Yonhap, il pourrait s'agir d'une version modifiée du missile Taepodong-2, déjà testé en 2006 et en avril et théoriquement capable d'atteindre l'Etat américain de l'Alaska.

La Corée du Nord dispose d'un autre site de lancement, à Musudan-ri, sur la côte est (mer du Japon) d'où a été tirée le 5 avril une fusée à longue portée, utilisant comme lanceur un missile Taepodong-2 et censée mettre en orbite un satellite de télécommunications. Ce tir, condamné par l'ONU, était, selon la Corée du Sud, le Japon et l'armée américaine, une tentative déguisée de lancement d'un missile en violation des résolutions de l'ONU.

Dans le même temps, l'armée nord-coréenne multiplie les manoeuvres, notamment près de sa frontière maritime sur la côte ouest, théâtre d'accrochages maritimes meurtriers en 1999 et 2002, a indiqué lundi un autre porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense.

Depuis son essai nucléaire de lundi dernier, condamné par le Conseil de sécurité de l'ONU, la Corée du Nord, qui a menacé de riposter contre le Sud et de prendre des mesures de légitime défense en cas de sanctions de l'ONU, a tiré six missiles à courte portée.

Alors que s'est ouvert lundi sur l'île sud-coréenne de Jeju (sud) un sommet de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) sur fond de crise nord-coréenne, le président sud-coréen Lee Myung-bak a averti lundi que Séoul ne «tolèrerait jamais» que le Nord choisisse la «voie des menaces militaires et de la provocation».

«Nous espérons sincèrement la paix, mais nous répondrons fermement à toute menace», a-t-il déclaré, exhortant le Nord à renoncer à l'arme nucléaire et à discuter avec la communauté internationale.

M. Lee et les responsables de l'Asean ont estimé que l'essai nucléaire de lundi était une «provocation», «menaçant la paix et la stabilité dans la région».

Le Nord a répété lundi qu'il «renforcerait encore sa dissuasion nucléaire afin de protéger son idéologie et son système», a rapporté l'agence officielle nord-coréenne KCNA.

Les discussions se poursuivent à l'ONU sur une future résolution du Conseil de sécurité sanctionnant Pyongyang pour son essai nucléaire.

Le secrétaire d'Etat adjoint américain James Steinberg et l'émissaire pour la Corée du Nord, Stephen Bosworth, arrivés au Japon, vont consulter leurs partenaires pour relancer les pourparlers à six pays sur l'abandon du nucléaire par le régime communiste.

M. Steinberg a assuré de «l'engagement indéfectible des Etats-Unis à l'égard de la sécurité du Japon», après un entretien avec le vice-ministre japonais des Affaires étrangères, Mitoji Yabunaka.

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