La Chine a fermement condamné lundi la remise la veille par Paris du titre de «citoyen d'honneur» au dalaï lama, estimant qu'il s'agissait d'une «grave ingérence» dans les relations sino-françaises.

La remise de cette distinction dimanche au chef spirituel des Tibétains par le maire socialiste de la capitale française, Bertrand Delanoë «ne pourra que porter atteinte aux relations de Paris avec les municipalités chinoises concernées et constitue une grave ingérence dans les relations sino-françaises», a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué faxé à l'AFP.

Ce titre de «citoyen d'honneur» de Paris avait été décerné en mars 2008 par les élus de la ville.

Les autorités chinoises, qui accusent le dalaï lama de rechercher l'indépendance du Tibet, ce qu'il récuse, avaient par avance protesté, début mai, contre cette cérémonie.

«Ignorant l'opposition de la Chine, la ville de Paris a accordé au dalaï lama le prétendu titre de citoyen d'honneur, nous exprimons notre fort mécontentement et notre opposition déterminée à cet égard», déclare le ministère dans son texte, rappelant les «graves difficultés» récentes entre la Chine et la France en raison du Tibet.

«Grâce aux efforts partagés des deux pays, les relations sino-françaises sont revenues sur la voie du développement sain», souligne le texte, qui appelle la France à poursuivre cet esprit de coopération.

Puis Pékin appelle la ville de Paris «à cesser toutes ses ingérences sans exception, à adopter des mesures sincères et efficaces, à rectifier ses erreurs et à éviter de s'enfoncer dans la voie de l'erreur».

Dimanche, le maire de Paris avait expliqué ne vouloir «ni pratiquer d'ingérence dans les affaires chinoises, ni même prôner l'indépendance du Tibet, ce que nous n'avons jamais fait».

Cette cérémonie est intervenue peu de temps après la fin de quatre mois de brouille entre la France et la Chine à la suite d'une rencontre en décembre en Pologne entre le président français Nicolas Sarkozy et le dalaï lama qui avait ulcéré la Chine.

Les deux pays avaient scellé en avril leur réconciliation par un communiqué commun, dans lequel la France réaffirmait qu'elle «récuse tout soutien à l'indépendance du Tibet».

Durant son séjour à Paris, après des visites au Danemark et aux Pays-Bas, le chef des bouddhistes tibétains n'a eu apparemment aucun rendez-vous avec des dirigeants ou des membres du gouvernement français, la France étant visiblement très soucieuse de ne pas heurter la sensibilité chinoise.

De même, la visite à Paris de la bête noire de Pékin a-t-elle été apparemment précédée d'un travail d'explication important consistant à faire valoir à la Chine que la ville de Paris n'est liée en aucun cas au gouvernement français et que ses décisions ne relèvent pas du pouvoir central.

Au Danemark, le Dalaï lama avait été reçu à titre «privé» par le premier ministre Rasmussen et le ministre des Affaires étrangères Per Stig Moeller, ce qui avait provoqué une vive réaction de Pékin.

Le 14e dalaï lama, 73 ans, vit en exil en Inde depuis qu'il a fui le Tibet après l'échec d'un soulèvement anti-chinois à Lhassa en 1959.