L'ONU et plusieurs pays ont appelé lundi à la retenue et au respect des droits démocratiques après les émeutes ethniques qui ont fait, selon les autorités chinoises, au moins 140 morts dimanche dans le Xinjiang, province à majorité musulmane du nord-ouest de la Chine.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a déclaré que les différends devaient «se résoudre pacifiquement, par le dialogue».

«Tous les différends, qu'ils soient à l'intérieur (d'un pays) ou au niveau international, doivent se résoudre pacifiquement par le dialogue», a déclaré le secrétaire général de l'ONU à Genève, en réponse à une question sur les émeutes dans le Xinjiang.

«Les gouvernements concernés doivent aussi agir avec la plus extrême prudence, prendre les mesures nécessaires pour protéger la vie et la sécurité de la population (ainsi que) la liberté d'expression, de réunion, la liberté d'information», a poursuivi M. Ban. «Ce sont là les principes de base de la démocratie et c'est ce à quoi j'exhorte à nouveau tous les pays du monde», a-t-il conclu.

A Washington, un porte-parole du département d'Etat, Ian Kelly, a appelé «toutes les parties au calme et à la retenue», ajoutant regretter «profondément» les «pertes humaines».

Le président italien Giorgio Napolitano, qui recevait à Rome son homologue chinois Hu Jintao, a souligné l'importance du respect des droits de l'homme.

Le président Hu Jintao entamait une visite officielle en Italie, avant de participer au sommet du G8 dans la péninsule.

Et la Grande-Bretagne a appelé aussi bien les autorités chinoises que les émeutiers à la «retenue» et au «dialogue».

Le président du Parlement européen Hans-Gert Pöttering a appelé le gouvernement chinois à «agir dans le respect de la dignité humaine et des droits humains fondamentaux, y compris du droit à la liberté d'expression et à manifester pacifiquement».

Il a demandé à Pékin de «laisser la presse locale et internationale faire son travail en toute liberté, notamment par l'accès sans restriction à internet» et appelé «tous les protagonistes au calme et à la modération».

Présentant ses condoléances à «tout le peuple chinois, avec en premier lieu le peuple de la province autonome ouïghoure du Xinjiang», la Turquie s'est dite «convaincue que la Chine prendra les mesures nécessaires pour empêcher la répétition d'événements similaires», selon un communiqué officiel.

«Nous attendons que justice soit faite lorsque les responsables des événements seront trouvés», a souligné le ministère turc des Affaires étrangères dans son communiqué.

A La Haye, une soixantaine de manifestants ont été interpellés après avoir lancé des pierres contre l'ambassade de Chine, a annoncé la police néerlandaise.

Quelque 200 manifestants s'étaient rassemblés devant l'ambassade à l'appel de l'Association des Ouïghours du Turkestan oriental aux Pays-Bas, selon la police..

A Munich (Allemagne), un responsable de la principale organisation d'Ouïghours en exil a accusé la police chinoise d'avoir ouvert le feu sur des manifestants. «On a tiré au hasard sur des hommes et des femmes», a affirmé à l'AFP Asgar Can, vice-président du Congrès mondial des Ouïghours, qui a son siège à Munich.

Le dissident chinois Wu'er Kaixi, un des dirigeants du Printemps de Pékin en 1989, lui-même ouïghour, a accusé les autorités chinoises d'être par leur politique responsable des émeutes.

«La mentalité hégémonique du gouvernement chinois et ses politiques barbares sont à blâmer pour l'injustice (régnant) au Xinjiang» et ont «conduit aux protestations d'Ouïghours», a estimé sur son blog le dissident, qui vit en exil à Taïwan.

Les émeutes ethniques qui ont éclaté dimanche à Urumqi ont fait au moins 156 morts et plus de 800 blessés, selon les autorités locales.

Le Xinjiang, peuplé notamment de 8,3 millions d'Ouïghours, des musulmans turcophones, est régulièrement la proie de troubles séparatistes.