La Chine a déclaré jeudi qu'elle s'opposerait à ce que quelque pays que ce soit offre une tribune à Rebiya Kadeer, chef de la dissidence ouïgoure en exil. Pékin l'accuse d'avoir fomenté les émeutes interethniques meurtrières d'Urumqi, au Xinjiang. 

«Quel genre de personne est Rabiya Kadeer? Nous le savons tous très bien», a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères, Qin Gang, à des journalistes lors d'un point de presse régulier. «Nous nous opposons à ce qu'un quelconque pays lui fournisse une tribune pour ses activités séparatistes», a-t-il dit.

 

M. Qin n'a toutefois pas confirmé que la diplomatie chinoise avait fait pression sur les organisateurs du Festival du film international de Melbourne pour qu'ils ne projettent pas un film sur l'égérie de la cause ouïgoure exilée aux États-Unis. Pourtant, le directeur du festival, Richard Moore, a indiqué à la radio australienne ABC qu'une responsable du consulat de Chine l'avait appelé pour lui demander instamment de retirer le documentaire «Ten Conditions of Love» sur la vie de Mme Kadeer de l'Australien Jeff Daniels.

 

Cette responsable, a poursuivi M. Moore, a expliqué que le festival devait s'abstenir de projeter ce film, Mme Kadeer étant selon elle «une criminelle», et a également demandé l'annulation d'une visite de Mme Kadeer en Australie en août.

 

Les autorités chinoises ont accusé Mme Kadeer et le Congrès mondial ouïghour qu'elle dirige d'avoir fomenté les émeutes qui ont embrasé Urumqi, capitale du Xinjiang, le 5 juillet, faisant au moins 192 morts, selon un bilan officiel chinois.

 

Des Ouïgours, musulmans turcophones qui se plaignent de la répression de leur culture et religion sous tutelle chinoise, s'en sont apparemment pris à des Hans --ethnie majoritaire en Chine.

 

Rebiya Kadeer a été emprisonnée six ans en Chine avant d'être libérée en 2005 sous la pression de Washington et exilée aux Etats-Unis. Elle a nié toute implication dans les violences du 5 juillet.