La dissidente ouïghoure en exil Rebiya Kadeer, qui a quitté Tokyo jeudi, a remercié le Japon de lui avoir accordé un visa malgré la pression de la Chine, dans un message vidéo diffusé après son départ pour les États-Unis.

«Dans un contexte de tentative de pression de la Chine sur les autres pays, le Japon s'est montré juste et m'a accordé un visa», a déclaré la dissidente, selon un traducteur. «Je veux exprimer ma gratitude envers le gouvernement japonais, les hommes politiques et le peuple», a-t-elle ajouté, dans un message vidéo pré-enregistré, diffusé par un institut d'analyse politique de Tokyo.

Mercredi, au deuxième jour d'une visite privée au Japon, la dissidente ouïghoure avait affirmé que «près de 10 000 personnes» avaient disparu pendant les émeutes dans la région autonome du Xinjiang majoritairement peuplée de Ouïghours, musulmans de langue turque.

Les autorités du Xinjiang ont estimé si peu fondées les allégations de disparitions massives pendant les émeutes dans cette région du Nord-Ouest de la Chine qu'elles ne les ont pas jugées dignes d'un démenti, a affirmé jeudi un journal officiel chinois.

Les autorités chinoises ont annoncé mercredi avoir convoqué l'ambassadeur du Japon à Pékin pour lui faire part de leur «vif mécontentement» au sujet de la visite au Japon de la dissidente ouïghoure en exil.

Pékin, qui taxe Mme Kadeer de séparatisme, l'a accusée d'avoir fomenté les émeutes.

Selon les autorités chinoises, près de 200 personnes ont trouvé la mort au cours de ces événements, majoritairement des Hans, ethnie fortement majoritaire en Chine, tués par des Ouïghours.

Le Congrès mondial ouïghour, dont le siège est à Munich (Allemagne), a lui évoqué des milliers de morts.

Rebiya Kadeer a nié avoir joué un rôle dans les violences.

Après avoir passé six ans dans les geôles chinoises, l'ancienne femme d'affaires de 62 ans, vit en exil depuis 2005 aux États-Unis, d'où elle milite pour les droits politiques et religieux des Ouïghours, dénonçant leur «répression».