L'ancien président américain Bill Clinton s'est entretenu mardi à Pyongyang avec le leader nord-coréen Kim Jong-Il, à l'occasion d'une visite-surprise destinée à obtenir la libération de deux journalistes américaines.

«Bill Clinton a courtoisement transmis un message verbal du président américain Barack Obama à Kim Jong-Il», a affirmé l'agence officielle nord-coréenne KCNA, immédiatement démentie par la Maison Blanche.

«Ce n'est pas vrai», a déclaré le porte-parole de la présidence américaine, Robert Gibbs, en réaction aux allégations de l'agence nord-coréenne.

«Kim Jong-Il l'a remercié pour cela. Il a souhaité la bienvenue à Clinton en République populaire démocratique de Corée et a eu un échange exhaustif avec lui. Il y a eu un large tour d'horizon sur les questions d'intérêt commun», a poursuivi KCNA.

La conversation s'est déroulée «dans une atmosphère cordiale», lors d'un diner donné en l'honneur de l'ancien président américain dans une résidence officielle des hôtes étrangers, a précisé l'agence.

Alors que les deux pays sont en pleine impasse sur le dossier nucléaire nord-coréen, le mari de la secrétaire d'Etat Hillary Clinton avait été accueilli à l'aéroport Sunan de Pyongyang par Yang Hyong Sop, vice-président du présidium de l'Assemblée suprême du peuple (parlement), et par le vice-ministre des Affaires étrangères Kim Kye-gwan, selon KCNA.

Des images télévisées ont montré un Bill Clinton en costume noir salué à sa descente d'avion par les responsables nord-coréens et serrant la main d'une petite fille qui lui a remis un bouquet de fleurs.

Cette visite est liée à l'emprisonnement des deux journalistes américaines, a confirmé l'entourage de Mme Clinton. Barack Obama s'était dit en juin «extrêmement préoccupé» par la condamnation des deux journalistes.

«Notre intérêt est l'issue heureuse de ce dossier et de confirmer le retour des deux journalistes saines et sauves», a déclaré sous couvert d'anonymat un membre de la délégation de Mme Clinton lors d'une escale à Rota, dans le sud de l'Espagne, dans le cadre de sa tournée en Afrique.

La Maison Blanche avait fait savoir qu'elle ne ferait «pas de commentaire» sur cette visite pour ne pas «risquer de compromettre» la mission visant à obtenir la libération des deux femmes.

Il s'agit de la première visite d'une telle figure de la politique américaine en Corée du nord depuis celle de Madeleine Albright en 2000, secrétaire d'Etat dans le gouvernement de Bill Clinton.

«Dès son arrivée, il commencera à négocier avec la Corée du Nord pour la libération des journalistes», a affirmé l'agence sud-coréenne Yonhap, citant une source non spécifiée.

Les deux journalistes de la chaîne de télévision Current TV, Laura Ling et Euna Lee, ont été arrêtées le 17 mars alors qu'elles venaient d'entrer - illégalement - en territoire nord-coréen depuis la Chine.

Elles ont été condamnées en juin à douze ans de travaux forcés pour avoir franchi la frontière sans autorisation, pour «dénigrement» du régime, et pour un «crime grave» dont les juges n'ont pas précisé la teneur.

Lors d'un entretien téléphonique, Laura Ling avait dit à sa soeur Lisa qu'elle reconnaissait avoir violé la loi nord-coréenne.

Hillary Clinton avait indiqué le 10 juillet qu'elle espérait que Pyongyang accorderait l'amnistie aux deux journalistes.

La visite surprise de Bill Clinton intervient en pleine impasse sur le dossier de dénucléarisation du régime nord-coréen, après l'essai nucléaire de Pyongyang du 25 mai et le tir de deux nouveaux missiles à courte portée, le 4 juillet, jour de la fête de l'Indépendance américaine, dans un geste apparent de défi envers les sanctions internationales.

En réaction au deuxième après celui d'octobre 2006, l'ONU a décidé d'alourdir son régime de sanctions. Pyongyang a réagi avec une extrême virulence, en menaçant de ne pas renoncer à ses ambitions atomiques.