J.S. Tissainayagam, un journaliste sri-lankais condamné lundi à 20 ans de prison, a remporté le premier prix Peter Mackler du «journalisme éthique et courageux», a annoncé Reporters sans frontières (RSF) dans un communiqué.

«Nous sommes heureux de récompenser J.S. Tissainayagam en 2009, une année terrible pour le Sri Lanka», a déclaré Jean-François Julliard, le secrétaire général de RSF, une organisation basée à Paris qui défend la liberté de la presse.

J.S. Tissainayagam, 45 ans, journaliste tamoul au journal sri-lankais Sunday Times et éditeur d'un site Internet, Outreachsl.com, consacré à la population tamoule, a été condamné lundi à 20 ans de prison par la haute cour du Sri Lanka pour avoir «soutenu» le terrorisme.

Reconnu coupable d'incitation à la «haine raciale» et de «soutien au terrorisme», selon une source judiciaire, le journaliste a été condamné pour avoir reçu de l'argent des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), vaincus par l'armée en mai, pour financer son site Internet.

«Ce pays a besoin de journalistes qui sont déterminés à établir la vérité. J.S. Tissainayagam est un de ceux-là et il n'aurait jamais dû être emprisonné», a déclaré M. Julliard dans un communiqué diffusé quelques heures après l'emprisonnement du journaliste.

Le prix Peter Mackler a été créé à la mémoire de l'ancien rédacteur en chef de l'Agence France-Presse pour l'Amérique du nord, décédé en 2008, par la branche américaine de RSF et Global Media Forum que M. Mackler avait fondé pour former des journalistes et aider les organisations humanitaires à se servir des médias.

«Le Sri Lanka ne connaîtra jamais la paix si la presse n'est pas libre de jouer son rôle de quatrième pouvoir», a noté M. Julliard. «Les Sri Lankais ont le droit d'être informés de ce qui se passe chez eux», a-t-il ajouté.

RSF a indiqué que le prix Peter Mackler serait formellement attribué lors d'une cérémonie à Washington le 2 octobre.

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), basé à New York, a également annoncé lundi qu'il allait récompenser le journaliste tamoul avec le prix 2009 de la presse libre internationale lors d'une cérémonie en novembre.

«Nous annonçons ce prix aujourd'hui pour mettre l'accent sur l'indignation que provoque cette sentence injuste», a indiqué le directeur du CPJ Joel Simon.

Les États-Unis ont dénoncé de leur côté lundi la condamnation prononcée contre le journaliste, se disant «déçus» du verdict et de «la sévérité de la peine».

«Nous avons été déçus d'apprendre le verdict et la sévérité de la peine», a dit un porte-parole du département d'État Robert Wood.

«Nous restons inquiets au sujet de la liberté de la presse au Sri Lanka. Les journalistes sont toujours menacés et continuent du même coup à pratiquer l'auto-censure», a-t-il ajouté.