Cinq employés de l'ONU ont été tués lundi quand un kamikaze en uniforme militaire a fait exploser sa bombe dans les locaux ultra-sécurisés d'une agence des Nations unies à Islamabad, la capitale du Pakistan.

Ce pays, allié-clé des Etats-Unis dans leur «guerre contre le terrorisme», est en proie à une vague d'attentats perpétrés par les talibans liés à Al-Qaïda, qui a fait près de 2 150 morts depuis juillet 2007.

Cette nouvelle attaque suicide s'est produite en plein coeur d'Islamabad, placée en alerte maximale notamment depuis que les talibans pakistanais ont promis de venger leur chef, tué en août par un missile américain dans le nord-ouest du pays.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU a annoncé depuis son siège de Rome que cinq membres de son personnel avaient été tués et plusieurs de leurs collègues blessés.

Les cinq victimes sont quatre ressortissants pakistanais et un Irakien, selon le communiqué qui donne leurs identités.

«La bombe a explosé dans l'entrée du PAM», a raconté un des employés locaux de l'agence à l'AFP. Ces locaux sont en principe hyper-sécurisés, comme tous les bureaux de l'ONU et ambassades à Islamabad.

Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a dénoncé un «crime haineux» et l'ONU a fermé tous ses bureaux au Pakistan «jusqu'à nouvel ordre».

«Ma réponse est simple... nous allons continuer notre aide humanitaire aux Pakistanais», a cependant déclaré M. Ban, rappelant que «plus de 2 millions de personnes déplacées avaient un besoin urgent d'assistance humanitaire».

«De tels actes de violences insensés contre ceux qui aident à nourrir les pauvres et les affamés sont des attentats contre la civilisation elle-même», a dénoncé le porte-parole du département d'Etat américain, Ian Kelly.

La présidence suédoise de l'Union européenne a condamné un attentat «inacceptable», tout comme le Canada, qui a dénoncé un acte «lâche».

Le kamikaze «portait l'uniforme des Frontier Corps», une unité militaire chargée de la protection des enceintes diplomatiques, a expliqué le ministre Rehman Malik. L'homme a demandé d'aller aux toilettes et a ainsi trompé la vigilance des services de sécurité, selon lui.

«Nous avons retrouvé les jambes et la tête du kamikaze, nous enquêtons pour savoir comment il a pu entrer dans le bâtiment car il y a des portiques de détecteurs de métaux et des caméras», a précisé l'inspecteur général de la police, Bani Amin.

La très grande majorité des attentats qui ensanglantent le Pakistan depuis un peu plus de deux ans sont revendiqués ou sont attribués au Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), qui a fait allégeance à Al-Qaïda.

Ils ont juré de venger la mort de leur chef Baïtullah Mehsud, tué en août dernier par un missile américain dans son fief des zones tribales du nord-ouest, frontalières avec l'Afghanistan.

Son successeur, Hakimullah Mehsud, dont le ministre Malik assurait depuis mi-août qu'il avait péri dans des combats entre factions du TTP, est d'ailleurs apparu dans la soirée dans une vidéo authentifiée et datée de dimanche par les chaînes de télévision. Il promet de venger la mort de Baïtullah en s'en prenant à «l'Amérique et au Pakistan».

Sous pression de Washington, Islamabad a lancé au printemps son armée dans de grandes offensives dans les bastions talibans du nord-ouest, et les Etats-Unis y ont multiplié les tirs de missiles, visant essentiellement des cadres d'Al-Qaïda et des talibans afghans.

Islamabad est depuis plusieurs mois quadrillée par d'innombrables check-points de la police et de l'armée.

Le centre ville avait déjà été transformé en «zone rouge» après l'attentat suicide qui a détruit l'hôtel de luxe Marriott le 20 septembre 2008, faisant 60 morts et plus de 250 blessés.

Au total, ces deux dernières années, Islamabad a été le théâtre de douze attentats, quasiment tous suicide, qui ont fait plus de 140 morts.