Six personnes ont été condamnées à mort lundi pour leur participation aux émeutes d'Urumqi début juillet, à l'issue du premier procès des violences qui ont fait près de 200 morts dans la capitale de la région chinoise du Xinjiang, ont annoncé les médias officiels.

Plus de trois mois après les troubles, dans une ville quadrillée par la police et l'armée afin de prévenir toute réédition des pires violences en plusieurs décennies dans le pays, ils ont été reconnus coupables de meurtres, a précisé l'agence Chine Nouvelle. Un septième accusé, également poursuivi pour meurtre, a été condamné à la prison à vie pour avoir plaidé coupable et aidé la police à arrêter un complice, selon l'agence officielle et la télévision CCTV.

Les noms des sept condamnés donnés par les médias  -- Abdukerim Abduwayit, Gheni Yusup, Abdulla Mettohti, Adil Rozi, Nureli Wuxiu'er, Alim Metyusup et Tayirejan Abulimit -- sont de consonnance ouïghoure, l'ethnie de langue turque, prédominante au Xinjiang musulman, une Région autonome du nord-ouest de la Chine.

Contacté par l'AFP, le tribunal d'Urumqi a refusé de confirmer ces premières condamnations. Le tribunal avait commencé lundi matin l'examen de trois affaires impliquant les sept accusés des émeutes qui ont fait officiellement au moins 197 morts, la plupart des Hans, ultra majoritaires en Chine, tués par des Ouïghours.

Dans une ville où une série de mystérieuses attaques à la seringue ayant surtout visé des Hans en septembre ont encore accentué les tensions, les autorités avaient pris toutes les mesures pour éviter de nouveaux débordements.

Selon des images diffusées par CCTV, les alentours du tribunal étaient déserts avec une forte présence des forces de l'ordre.

Par ailleurs, 14 000 civils ont été mobilisés pour patrouiller dans les rues d'Urumqi nuit et jour, a rapporté la radio officielle chinoise.

Plusieurs habitants, joints par l'AFP, ont affirmé que le calme régnait.

Le porte-parole du Congrès mondial ouïghour (CMO), représentant la dissidence en exil, Dilxat Raxit, a dénoncé, pour sa part, un «procès politique».

«Les procès envers les Ouïghours ne se déroulent pas selon les règles juridiques normales, mais selon les besoins politiques», a-t-il estimé, jugeant qu'il s'agissait d'«un cas typique de violation des droits de l'Homme» ou «les accusés n'ont pas pu choisir eux-mêmes leurs avocats».

la presse officielle chinoise avait annoncé fin septembre que la justice avait prononcé les premières inculpations à l'encontre de 21 personnes dans le cadre de ces émeutes pour homicides, incendies volontaires et dégâts matériels.

Le 5 juillet, les violences avaient éclaté à Urumqi après une manifestation pacifique de protestataires demandant la lumière sur le meurtre de deux Ouïghours dans le sud de la Chine, selon la dissidence ouïghoure en exil.

Les autorités chinoises ont accusé le CMO de la dissidente Rebiya Kadeer d'avoir fomenté les troubles, qui ont été suivis de représailles de la part de Hans.

Les médias chinois avaient évoqué 1 600 arrestations, mais la police a fait état de 718 interpellations.

Samedi, soit deux jours avant le premier procès d'Urumqi, un homme a été condamné à mort et un autre à la prison à vie pour leur implication dans la bagarre dans une usine du sud de la Chine qui avait coûté la vie aux deux Ouïghours et déclenché les émeutes d'Urumqi.

La communauté ouïghoure réclamait avec insistance que justice soit faite pour les lynchages dans cette usine.

Une partie des Ouïghours se disent victimes de discrimination religieuse et culturelle sous couvert de lutte antiterroriste.

Le Xinjiang compte près de 20 millions d'habitants, appartenant à 47 ethnies, parmi lesquelles les Hans sont passés de 6% à 40% de la population avec la politique de développement économique et de sinisation de Pékin depuis les années 90.