Les États-Unis ont mis la Corée du Nord en garde mardi contre la tentation d'une «escalade», après un incident naval qui a opposé mardi les deux Corées dans une zone frontalière maritime sensible en Mer Jaune.

«Je dirais aux Nord-Coréens que nous espérons qu'il n'y aura pas d'autres actes en Mer Jaune qui pourraient être considérés comme une escalade», a déclaré à la presse le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, à bord de l'avion qui emmenait le président Barack Obama au Texas (sud) pour un hommage aux victimes de la fusillade de jeudi à la base militaire de Fort Hood.

L'affrontement naval qui a eu lieu mardi est le premier accrochage du genre depuis sept ans entre les deux Corées. Il s'est produit après qu'un navire nord-coréen a pénétré dans les eaux territoriales du Sud en passant outre des tirs de semonce, selon l'état-major sud-coréen. «Le Nord a ouvert le feu sur notre bateau. Nous avons riposté, obligeant le navire nord-coréen à rebrousser chemin», indique un communiqué de l'état-major. Le premier ministre sud-coréen Chung Un-Chan a accusé Pyongyang d'avoir perpétré une «attaque directe» sur l'une de ses vedettes rapides.

«Il n'y a pas eu de victimes de notre côté alors que le navire nord-coréen est reparti en flammes (de l'autre côté de la frontière)», a-t-il dit au parlement.

Le ministre sud-coréen de la Défense a jugé que le Nord «savait pertinemment qu'il commettait une intrusion».

Promptes à réagir, les autorités nord-coréennes ont exigé des excuses en dénonçant une «grave provocation armée».

«Les autorités militaires sud-coréennes doivent présenter des excuses au Nord pour cette provocation armée et prendre les mesures qui s'imposent pour qu'une provocation similaire ne se reproduise pas», a indiqué l'état major nord-coréen dans un communiqué relayé par l'agence de presse officielle du régime communiste KCNA.

L'incident, qui s'est produit à 11H28 locales (22H28 HAE) près de l'île de Daechong, survient huit jours avant la visite du président américain Barack Obama en Corée du Sud.

«Il pourrait s'agir d'un incident provoqué à dessein afin de faire monter la tension avant la visite d'Obama», a déclaré à la chaîne YTN Kim Yong-Hyun enseignant à l'université Dongguk de Séoul.

La Corée du Nord avait accusé Séoul le mois dernier d'avoir violé cette frontière maritime contestée en y dépêchant des navires de guerre.

Cette démarcation maritime entre les deux pays, toujours théoriquement en guerre faute de traité de paix mettant fin au conflit de 1950-53, n'a jamais été reconnue par le Nord. Elle est une zone de friction fréquente entre les deux Corées.

Depuis 1999, les escarmouches ont fait plusieurs dizaines de morts dans cette zone. Six marins sud-coréens ont ainsi été tués en juin 2002.

Les relations intercoréennes se sont considérablement dégradées depuis l'arrivée au pouvoir en février 2008, du président sud-coréen Lee Myung-Bak, un conservateur partisan d'une ligne intransigeante à l'égard du voisin communiste.

La tension s'est aggravée depuis que Pyongyang a mené le 25 mai son deuxième essai nucléaire, condamné par l'ONU, et annoncé n'être plus lié par l'armistice de 1953 ayant mis fin à la guerre de Corée.

Toutefois, le Nord, qui s'est retiré à la mi-avril des négociations à six pays sur son programme nucléaire et a récemment multiplié les tirs d'essai de missiles, n'a pas totalement fermé la porte au dialogue.

La Corée du Nord a ainsi invité à Pyongyang l'émissaire américain Stephen Bosworth pour tenter de relancer les pourparlers sur la dénucléarisation du régime communiste.