Le gouvernement malaisien va faire appel d'une décision de justice autorisant un journal catholique local à employer le mot «Allah» dans ses éditions, a annoncé dimanche un haut responsable gouvernemental.

«Il est important pour les musulmans ici de protéger l'utilisation de ce mot et s'il existe une quelconque tentative pour l'insulter ou l'utiliser incorrectement, nous devons prendre toutes les mesures juridiques nécessaires dans le respect de la Constitution fédérale», a déclaré le ministre chargé des Affaires musulmanes, Jamil Khir Johari, cité tard samedi par l'agence officielle Bernama.

Selon lui, le haut conseil national de la fatwa a ordonné en mai 2008 que le mot «Allah» ne puisse être utilisé que par les seuls musulmans en Malaisie.

La plus haute juridiction de Malaisie a toutefois jugé la semaine dernière que le journal catholique, Herald Weekly, était en droit d'utiliser le mot «Allah» mettant fin à une longue dispute entre le gouvernement et ce journal dans ce pays majoritairement musulman.

Par ailleurs, le site Internet du journal a été piraté et contraint de fermer, a indiqué à l'AFP son éditeur, le père Lawrence Andrew. «Notre site a été piraté et a été fermé et nous soupçonnons les personnes qui sont mécontentes de la situation actuelle» d'en être responsables, a-t-il dit.

Le tribunal malaisien a jugé jeudi que le journal avait le «droit constitutionnel» d'utiliser le mot «Allah», déclarant l'interdiction gouvernementale «illégale, nulle et non avenue».

Des groupes musulmans ont dit vouloir protester contre cet arrêt de la juridiction suprême.

L'hebdomadaire Herald est édité en quatre langues, avec environ 14 000 exemplaires par semaine dans un pays de quelque 850 000 catholiques.

La Malaisie est un pays multiculturel qui compte d'importantes minorités chinoise et indienne. Les musulmans représentent plus de 60% de la population.