Au moins huit personnes, dont trois soldats américains et quatre enfants, ont été tuées mercredi dans un attentat dans le nord-ouest du Pakistan où des drones américains ont mené la veille leur raid le plus massif jamais lancé dans les fiefs des talibans et d'Al-Qaeda.

Les talibans pakistanais ont revendiqué l'attaque. Les militaires américains étaient dans un convoi transportant notamment des travailleurs humanitaires et des journalistes dans le cadre de l'inauguration d'une école de filles, reconstruite après avoir été dynamitée par les talibans en janvier 2009, selon les autorités locales.

Quatre écolières âgées de 10 à 15 ans ont également péri dans l'explosion de la bombe devant leur école à l'arrivée du convoi, selon la police, qui a estimé le nombre des blessés à une soixantaine, des élèves pour la plupart.

L'attaque est survenue dans le village de Koto, dans le district de Lower Dir, d'où l'armée avait chassé les talibans en 2009.

«Trois Américains ont été tués et deux blessés (...). Il s'agit de militaires présents au Pakistan comme instructeurs à l'invitation du corps des gardes-frontières (FC) pakistanais», a assuré l'ambassade des États-Unis dans un communiqué. Le porte-parole de l'armée pakistanaise a confirmé.

«Ils assistaient à l'inauguration d'une école pour filles qui venait d'être rénovée grâce à l'aide humanitaire américaine», selon l'ambassade.

Blackwater

«Les Américains tués faisaient partie de Blackwater», a rétorqué Azam Tariq, porte-parole des talibans, en revendiquant l'attaque auprès de l'AFP. Il faisait référence à cette société privée américaine de sécurité, rebaptisée Xe Services, et accusée de bavures en Irak.

«Nous savons que Blackwater est responsable d'attentats à Peshawar (nord-ouest) et dans d'autres villes pakistanaises, nous avions averti que nous vengerions les morts innocents de Peshawar», a conclu le porte-parole taliban.

Le TTP, qui a fait allégeance à Al-Qaeda, est responsable de la plupart des attentats qui ont fait près de 3 000 morts en deux ans et demi. Mais il ne revendique pas ceux visant des civils, et accuse régulièrement Blackwater de les commettre pour dresser contre eux la population.

Mardi soir, plus au sud, une attaque de drones américains, la plus massive jamais lancée dans le nord-ouest, avait fait au moins 31 morts, des insurgés islamistes pour la plupart, selon les militaires pakistanaises.

Témoins et responsables disent avoir dénombré jusqu'à dix de ces drones et l'explosion d'au moins 18 missiles dans les environs de Dattakhel, une zone montagneuse reculée du district tribal du Waziristan du Nord, frontalier de l'Afghanistan.

«Il n'y a jamais eu d'attaques de cette ampleur par le passé, c'était la plus massive», a affirmé à l'AFP un haut responsable de l'armée.

La CIA et l'armée américaine en Afghanistan ont considérablement intensifié leurs attaques de drones dans les zones tribales pakistanaises frontalières, considérées par Washington comme le sanctuaire d'Al-Qaeda et une base arrière des talibans afghans.

Depuis août 2008, près de 800 personnes y ont été tuées par des missiles américains, combattants islamistes pour la plupart, même si ces attaques n'épargnent pas les civils.

Depuis un attentat suicide qui a tué sept agents de la CIA dans leur base ultra-sécurisée de Khost, en Afghanistan, les tirs de missiles américains sur le Waziristan du Nord sont quasi-quotidiens. Car l'agence américaine vise Hakimullah Mehsud, le chef du TTP, qui était apparu quelques jours plus tard au côté du kamikaze dans une vidéo-testament.

L'armée pakistanaise enquête sur des informations non confirmées selon lesquelles il serait mort dans l'une de ces frappes, le 14 ou le 17 janvier, ce que les talibans nient.