Des files d'attente impressionnantes ont serpenté devant les pavillons de certains pays après le coup d'envoi de l'Exposition universelle de Shanghai. Pourtant, une semaine après l'ouverture, les organisateurs craignent de ne pas atteindre le seuil espéré de visiteurs.

Depuis des mois, ils ont indiqué viser le record de 70 millions d'entrées -à 95% des visiteurs chinois- et même envisagé d'atteindre les 100 millions, pour la plus grande exposition universelle de tous les temps.

L'Expo 2010, à laquelle participent 189 pays et une cinquantaine d'organisations, est considérée par la Chine comme une occasion de montrer sa nouvelle puissance.

Mais huit jours après l'ouverture en grande pompe, avec le président Hu Jintao et une vingtaine de chefs d'Etat et de gouvernement étrangers, les organisateurs s'inquiètent des chiffres des entrées de l'Expo qui ne fermera ses portes que le 31 octobre.

Jusqu'à présent, le nombre de personnes passant chaque jour les tourniquets n'a pas atteint les 380 000 requis pour atteindre le chiffre magique de 70 millions.

Le jour de l'ouverture, si les 500 000 billets en vente ont tous été vendus, seules 207 000 personnes sont bien allées sur le site, selon les organisateurs.

Un chiffre qui toutefois cadre mal avec celui du pavillon français qui faisait état de 100 000 visiteurs à lui tout seul pour le 1er mai.

Signe de leur inquiétude, les organisateurs ont cessé de communiquer heure par heure les chiffres des entrées quand celles-ci sont tombées à 85 500 jeudi.

Mais Shanghai ne désespère pas de dépasser le chiffre des 64 millions de l'Expo d'Osaka en 1970, qui explique la barre des 70 millions qu'elle s'est fixée.

Certains découragés par la marée humaine

Pour Portia Luo, une Chinoise rencontrée sur le site, les gens ont pu être découragés par les informations dans la presse sur une marée humaine à l'Expo et les files d'attentes interminables, sous la chaleur, devant les pavillons les plus populaires: l'américain, le britannique ou le français.

«Je pense que ça a fait peur aux gens», dit Luo qui regarde une troupe de Mongolie et du Canada danser sur la place des Amériques.

De l'autre côté de la rivière, où s'étend aussi le site de l'Expo, seule une poignée de visiteurs se promènent dans les expositions de villes comme Londres, Madrid, Hambourg.

A ce jour, quelque 33,1 millions de billets ont été vendus et la municipalité de Shanghai compte donner un billet gratuit à chaque foyer de la ville, ce qui porterait les entrées à 40 millions, indiquent les visiteurs.

Mais Jiang Lijun, une retraitée de 54 ans, explique préférer attendre septembre. «On a vu trop d'informations de presse sur les files d'attente à l'Expo», dit-elle. «On a envie d'y aller un peu avant la cérémonie de clôture».

Les mesures de sécurité qui ont transformé le site en forteresse, avec les machines à rayons X pour les sacs et la fouille corporelle, ont également allongé l'attente et refroidi l'enthousiasme.

Seuls les véhicules ayant des permis spéciaux sont autorisés à circuler dans un périmètre de 7 km autour de l'Expo.

Certains pays ont essayé d'améliorer leur pavillon pour attirer plus de monde. Comme la Colombie qui a ajouté ces derniers jours des sous-titrages en mandarin pour les films vantant ses plages et son café. «Il faut distraire les gens», explique le directeur du pavillon, Juan Pablo Cavelier.

Après avoir reçu des doléances, les organisateurs ont aussi rajouté des stands de restauration rapide sur le site et autorisé les visiteurs à apporter leur nourriture. Cette mesure a aussi augmenté les montagnes d'ordures: 190 tonnes en moyenne quotidiennement pour le premier week-end d'ouverture.